Bombardement de Bouaké : la ministre française Michèle Alliot-Marie mise en cause

Me Jean Balan, un des avocats des familles des victimes du bombardement du camp français de Bouaké en novembre 2004, affirme que l’ex-ministre française de la Défense de l’époque, Michèle Alliot-Marie, a sciemment refusé d’aider la justice à identifier les attaquants.  

Mme Alliot-Marie, ministre française de la Défense lors du bombardement de Bouaké (nov. 2004). © AFP

Mme Alliot-Marie, ministre française de la Défense lors du bombardement de Bouaké (nov. 2004). © AFP

Publié le 25 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

"Michèle Alliot-Marie a menti de façon absolument délibérée en disant qu’on n’avait pas pu identifier les pilotes et qu’il n’y avait pas de cadre juridique pour entendre les mercenaires slaves arrêtés peu après" l’attaque du camp français de Bouaké (qui avait coûté la vie à neuf militaires français en novembre 2004), a déclaré à l’AFP Me Jean Balan, avocat de plusieurs familles des soldats français tués ou blessés dans cette opération.

L’entourage de Michèle Alliot-Marie (MAM) – aujourd’hui ministre de la Justice – s’est refusé à tout commentaire, se bornant a réassurer qu’elle se tenait à la disposition de la Justice. Or justement, Me Balan demande depuis plusieurs mois l’audition de Mme Alliot-Marie par la juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris (TAP) chargée de l’enquête. Selon lui, "le dossier aurait pu être résolu très rapidement si les autorités politiques avaient permis dès le début à la justice de faire son travail".

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Obstruction
Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes bombardaient un camp de l’armée française à Bouaké, tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant 38 autres soldats. Selon Me Balan, la ministre a menti en assurant que les pilotes n’avaient pu être identifiés alors que, selon lui, de multiples photos exploitables figurent au dossier.

A cela s’ajoute, toujours selon l’avocat, une responsabilité de l’ancienne ministre de la Défense, qui aurait affirmé à l’époque qu’il n’existait aucun cadre juridique pour entendre les huit mercenaires biélorusses – dont les deux pilotes des Sukhoï – arrêtés dix jours plus tard à la frontière togolaise. Pourtant, les autorités de Lomé les avaient "mis à la disposition" des services français, ce que confirme l’ancien ministre togolais de l’Intérieur François Esso Boko. Paris n’avait cependant pas donné suite, d’après plusieurs témoignages versés au dossier.


Manifestations antifrançaises

Michèle Alliot-Marie aurait opposé la même raison pour refuser de faire déposer quinze Slaves (neuf Ukrainiens, quatre Biélorusses et deux Russes) arrêtés, eux, sur l’aéroport d’Abidjan, également peu après les faits. La ministre les avaient présentés, en 2006, comme de simples "ouvriers de maintenance", alors que plusieurs témoignages versés au dossier les ont identifiés dès le début de l’affaire comme les techniciens de maintenance des appareils ayant servis au bombardement. Selon l’avocat, "le cadre juridique existait bien: l’enquête de flagrance avait été ouverte dès le 10 novembre".

Immédiatement après le bombardement de Bouaké, l’armée française avait détruit l’aviation ivoirienne, provoquant une vague de manifestations antifrançaises à Abidjan dont l’une devant l’hôtel Ivoire, qui avait été réprimée dans le sang par les forces françaises (une vingtaine de tués selon Paris, au moins 57 selon Abidjan).   (avec AFP)
 

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