Human Rights Watch attaque El-Béchir et Mugabe

Les présidents soudanais et zimbabwéen sont dans le collimateur de  Human Rights Watch. Le rapport annuel de l’organisation américaine de défense des droits de l’homme condamne leurs pratiques.

Publié le 22 janvier 2010 Lecture : 3 minutes.

Human Rights Watch (HRW) n’y va pas par quatre chemins. Son rapport 2009, dévoilé le 20 janvier, porte une attention particulière au président soudanais Omar El-Béchir, contre lequel la Cour pénale internationale (CPI) a émis en mars 2009 un mandat d’arrêt en l’accusant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité au Darfour, province occidentale de son pays en proie à une guerre civile depuis 2003.

Soutien panafricain à El-Béchir

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Soulignant les exactions commises par les forces gouvernementales et les milices arabes "janjawids", HRW dénonce l’attitude de l’Union Africaine (UA). Lors de son sommet à Syrte (Libye) en juillet 2009, "elle a adopté sous la pression du leader libyen Mouammar Kadhafi et des gouvernements de plusieurs autres Etats nord-africains une résolution pressant les pays africains de ne pas coopérer avec la CPI », indique le rapport. Depuis l’émission du mandat, le chef de l’Etat soudanais a multiplié les voyages dans plusieurs pays du continent sans jamais être inquiété.

« D’aucuns auraient vouluque les leaders africains applaudissent cette avancée [le mandat d’arrêt contre El-Béchir, NDLR]. Après tout, le monde avait tergiversé pendant cinq ans tandis que le peuple du Darfour subissait massacres et déplacements forcés. Car enfin une action décisive était prise. Malheureusement, certains chefs d’Etats africains ont semblé moins troublés par le massacre d’Africains ordinaires que par la perspective audacieuse de voir un président africain en exercice traduit en justice pour ces crimes épouvantables », fustige le rapport.

Double-jeu

Human Rights Watch déplore par ailleurs le double-jeu des « leaders africains » qui accusent la CPI de ne s’en prendre qu’aux ressortissants du continent alors que, dans la plupart des cas, « ce sont les gouvernements africains eux-mêmes qui ont invité la Cour à ouvrir une enquête », précisent les auteurs du rapport. En outre, ceux-ci « n’ont pas émis d’objection lorsque la Cour a inculpé plusieurs seigneurs de guerre », comme l’ancien président libérien Charles Taylor ou de l’ancien chef rebelle Congolais (RDC) Thomas Lubanga.

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Double-jeu, aussi, de la part des « grandes puissances occidentales » : « L’avidité de l’Occident de voir des poursuites, par exemple, des atrocités en Guinée, au Kenya ou au Darfour contraste grandement avec sa réluctance à pousser Israël à juger dans ses propres cours ceux qui peuvent être responsables des crimes de guerre à Gaza. Cette tendance à protéger les amis maltraitants ne fait qu’encourager l’UA à serrer les rangs ».

La Zanu-PF épinglée

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Le rapport de Human Rights Watch revient également sur les dérives politiques au Zimbabwe. Un gouvernement de partage du pouvoir a été mis en place le 11 février 2009. Cependant, les tensions sont récurrentes entre l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) du président Robert Mugabe et le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) du Premier ministre Morgan Tsvangirai. Pire, relève l’organisation américaine, la Zanu PF « continue à utiliser son contrôle des forces de sécurité et le système judiciaire pour harceler, kidnapper, torturer et tuer ceux qu’ils considère comme des opposants, y compris de hauts cadres du MDC ».

C’est le cas de l’ancien fermier blanc Roy Bennett. Il avait été arrêté le 13 février dernier, jour de la prestation de serment du gouvernement d’union dans lequel il devait servir comme vice-ministre de l’Agriculture. Après de longues procédures judiciaires, ce membre fondateur et trésorier du MDC avait été inculpé pour terrorisme, sabotage et banditisme, et libéré sous caution début mars. Il est désormais en attente de procès pour "terrorisme".

Human Rights Watch rappelle enfin que l’armée zimbabwéenne a pris le contrôle en octobre 2008 de Marange, une zone riche en diamants. Et que pour y parvenir, elle s’est  rendue coupable, entre autre, de torture, de tabassages et de quelque 200 meurtres. Le rapport de l’organisation faisant état de ces exactions avait alerté le processus de Kimberley, chargé de contrôler l’industrie du diamant pour éviter les trafics finançant des conflits. Mais des blocages d’alliés de Robert Mugabe, en Afrique australe, n’ont pas permis de faire pression sur Harare. Malgré les promesses faites par le Zimbabwe de s’attaquer au problème.

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