Banque mondiale : reprise à haut risque pour le continent

A quelle sauce l’économie africaine sera-t-elle mangée en 2010 ? Dans les grandes institutions internationales de financement, le petit jeu des pronostics vient de commencer. Notamment à la Banque mondiale dirigée par Robert Zoellick, dont le rapport sur les Perspectives économiques 2010 a été dévoilé le jeudi 21 janvier.

Robert Zoellick (à dr.) avec Dominique Strauss-Kahn (à g.), à Istanbul en 2009. © AFP

Robert Zoellick (à dr.) avec Dominique Strauss-Kahn (à g.), à Istanbul en 2009. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 21 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Dévoilé le jeudi 21 janvier, le rapport de la Banque mondiale (BM) sur les Perspectives économiques 2010 n’est pas pessimiste, mais très prudent. Surtout en ce qui concerne le continent. Il indique ainsi qu’à l’exclusion de l’Afrique du Sud, l’Afrique subsaharienne devrait retrouver cette année une croissance « modeste et fragile ». Après avoir fondu en 2009 à 2,9 %, celle-ci devrait ainsi se situer à 4,8 % en 2010, puis à 5,6 % en 2011 – ce qui reste bien en dessous des 6,6 % enregistrés en moyenne dans la décennie passée. Par habitant, la croissance du PIB des pays de la région ne dépassera vraisemblablement pas 1,9 % en 2010 et 3 % en 2011.

Inégalité devant la crise
Voilà pour les raisons d’espérer. Las, les raisons de se ne pas se réjouir trop tôt sont, elles, beaucoup plus nombreuses. Car la reprise sur le continent dépendra en premier lieu de la très incertaine performance de croissance du reste du monde, en particulier des États-Unis, de la Chine et de l’Union européenne. Et elle sera très différente d’un pays à l’autre. Elle devrait presque doubler dans les pays à revenu intermédiaire (Botswana, Seychelles, Afrique du Sud), ou exportateurs de pétrole (Angola, Nigeria), où elle atteindra, selon le rapport, 4,9 % en 2009, 5,3 % en 2011.
Mais dans les pays à revenus faibles, qui avaient été dans un premier temps moins affectés par la crise, elle devrait être beaucoup plus restreinte, voire se limiter à 1 % dans certains cas. La cause de cette quasi-stagnation : la raréfaction et le renchérissement des crédits. Selon les auteurs du rapport, les prêts concessionnels, notamment, risquent d’être insuffisants pour financer le retour à une croissance robuste dans de nombreux pays pauvres.
Pour pallier la faiblesse du marché mondial de capitaux, le renforcement des circuits régionaux de financement pourrait être une solution. Mais elle-même sera en partie tributaire de la santé de grosses économies comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud, dont les performances ne devraient pas être fulgurantes : respectivement +4,8 % et +2% en 2010.

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Le Maghreb plus résistant
Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, se veut tout de même plus optimiste. "J’espère que l’année 2010 sera celle de la reprise économique en Afrique, vingt-deux pays reprendront le chemin de la croissance avec des taux supérieurs à 5%", a-t-il indiqué le 19 janvier lors d’une rencontre annuelle avec les ambassadeurs des pays membres accrédités à Tunis, siège provisoire du groupe. La BM ne voit quant à elle que douze pays seulement pouvant réaliser cette performance (Angola, RD Congo, Egypte, Éthiopie, Gambie, Malawi, Mozambique, Rwanda, Tanzanie, Ouganda, Zambie, Zimbabwe).
Enfin, le patron de la BAD a tiré une leçon de la crise : les pays d’Afrique du nord à l’économie diversifiée  ont « montré une meilleure résistance », a-t-il dit. Un constat que dresse également le rapport de la BM, qui crédite l’Égypte, le Maroc et la Tunisie de croissances respectives de 5,2%, 3% et 3,8% pour 2010. Avec un bémol de taille, cependant : la baisse de la demande extérieure (biens et services), notamment en provenance de la zone euro, a durement affecté leurs économies en faisant fléchir les investissements directs étrangers (IDE). Par ailleurs, comme pour les autres régions du monde, le Maghreb sera confronté en 2010 à la contraction et à la cherté des capitaux. Mais c’est justement leur surabondance mal contrôlée qui avait provoqué la crise…
 

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