Joola : deux responsables sénégalais sauvés par leur immunité
La cour de cassation de Paris a annulé mardi 19 janvier les mandats d’arrêt internationaux visant deux anciens hauts responsables sénégalais, soupçonnés d’avoir commis des négligences ayant provoqué le naufrage du Joola. Une catastrophe dans laquelle 1863 personnes avaient péri, dont 22 Français – ce qui expliquait les poursuites.
L’ex-Premier ministre Mame Madior Boye et l’ex-ministre des Forces Armées Youba Sambou ne sont plus inquiétés dans l’affaire du naufrage du Joola. En évoquant leur immunité, la cour de cassation de Paris a annulé mardi les mandats d’arrêts internationaux qui les visaient. La plus haute instance judiciaire française confirme ainsi la décision rendue le 15 juin dernier par la chambre d’accusation de Paris.
Mame Madior Boye et Youba Sambou étaient soupçonnés – comme sept autres personnalités sénégalaises, toujours inquiétées – d’avoir commis des négligences ayant causé le naufrage du ferry le Joola, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, au large de la Gambie. La catastrophe avait officiellement fait 1 863 morts, parmi lesquels 22 Français. D’où la procédure engagée dans l’Hexagone par les familles des victimes, qui avaient porté plainte en 2003.
Mises en examen probables
C’est le juge d’instruction d’Evry Jean-Wilfried Noël qui avait pris en charge le dossier. C’est lui qui, en septembre 2008, avait émis les deux mandats d’arrêt internationaux. Suite à la décision de la cour de cassation, l’affaire devrait lui revenir une nouvelle fois entre les mains. Des mises en examen pourraient tomber contre les sept autres responsables présumés.
Il s’agit du chef d’état-major général des Armées de l’époque, Babacar Gaye, du chef d’état-major de la Marine nationale, Ousseynou Kombo, du chef d’état-major de l’Armée de l’air, Meïssa Tamba, du chef d’Exploitation, Mody Siguine, du directeur de la Marine marchande, Abdoul Diop et du chef du bureau de la Sécurité maritime Gomis Diédhiou.
Les avocats mandatés par Dakar ont donc du pain sur la planche. Mais Me El Hadji Diouf, qui fait partie du pool de défenseurs, a dit qu’il était confiant : « Nous avons des arguments et nous allons gagner la guerre. On a gagné une bataille. Nous nous appuierons sur le droit, rien que sur le droit pour clouer le bec à tous ces gens qui s’agitent et surtout pour restaurer la dignité de l’Afrique. Le combat contre l’impérialisme judiciaire de l’Afrique debout continue. C’est une ancienne puissance colonisatrice qui veut revenir. Ils disent qu’il n’y a pas de pouvoir ».
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