Sékouba Konaté à la recherche du consensus ?
Après avoir rencontré des émissaires internationaux, notamment français et américains, le président par intérim de la Guinée Sékouba Konaté a entamé des tractations avec les différentes forces politiques guinéennes pour désigner un Premier ministre issu de l’opposition.
Mise à jour le vendredi 8 janvier 2010 à 16h43
Trois mois après le massacre du 28 septembre 2009 où plus de 150 opposants ont trouvé la mort, la junte a visiblement pris la décision de partager le pouvoir pour sortir de la crise. Des négociations avec les forces politiques guinéennes ont débuté jeudi 6 janvier. Elles doivent déboucher sur la désignation d’un Premier ministre issu de l’opposition.
"La communauté internationale nous presse de hâter le pas et attend de notre part des progrès significatifs", a déclaré Sékouba Konaté lors d’un discours mercredi 6 janvier 2010. La sortie de crise vers laquelle semble s’engager la Guinée est en effet consécutive à des discussions du président par intérim de la Guinée avec des émissaires internationaux.
Sékouba Konaté a rencontré des représentants français et américains lors de son séjour à Rabat, au début du mois de janvier, lorsqu’il était au chevet de Dadis Camara. Blaise Compaoré, le président burkinabé et médiateur de la crise guinéenne, s’est joint aux vœux franco-américains de voir la Guinée achever son processus de transition. Par ailleurs, le représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, s’est rendu mercredi 6 janvier à Conakry où il a rencontré le président intérimaire, le Premier ministre, des leaders syndicaux et le porte-parole des Forces vives.
Réactions mitigées de l’opposition
La Guinée traverse une crise depuis la prise de pouvoir de Moussa Dadis Camara le 23 décembre 2008. Celle-ci s’est agravée considérablement après la répression sanglante d’une manifestation d’opposants le 28 septembre, puis après la tentative d’assassinat du chef de la junte par son aide de camp, Aboubacar "Toumba" Diakité, qui l’a grièvement blessé à la tête. Moussa Dadis Camara est depuis hospitalisé au Maroc.
Les premières réactions de l’opposition et de la société civile au discours d’"apaisement" du nouvel homme fort ont été mitigées.
Celou Dallein Diallo, le dirigeant de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a salué un discours "qui constitue une opportunité pour relancer le dialogue entre les Forces vives et les autorités". "Néanmoins les revendications majeures de l’opposition n’ont pas été prises en compte dans ce discours", a-t-il estimé.
"Il faut d’abord être d’accord sur la durée de la transition, sur la non-candidature des membres du CNDD (la junte) et du gouvernement, il faut mettre en place un cadre de concertation sur les institutions de la transition, définir la feuille de route et le calendrier de la transition", a ajouté le dirigeant de l’UFDG.
Qui sera le Premier ministre chargé de mener le pays vers des élections générales, dont la date n’a pas encore été fixée? Sera-t-il issu d’un parti politique, d’un syndicat ou de la société civile? Quels seront ses pouvoirs? Pourra-t-il être candidat à la présidentielle? Aucune de ces questions n’est pour le moment tranchée.
Spéculations et recommandations
"Il nous faut une personne techniquement compétente et politiquement mûre. Il nous faut quelqu’un qui a des comptes à rendre à une structure", a indiqué jeudi Bah Amadou Oury, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition). Pour Rabiatou Sérah Diallo, syndicaliste à la pointe de la contestation, "l’idéal serait que le Premier ministre soit neutre, qu’il n’ait pas d’ambition politique. Il est indiqué qu’il soit issu des forces sociales et nous sommes catégoriques à ce sujet."
Le responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), basée à Dakar, Alioune Tine, verrait pour sa part "un homme intègre de la société civile (…) pour mener une transition pas très longue". "Cela pourrait être un religieux", a-t-il proposé. Des responsables de partis politiques de l’opposition se sont brièvement rassemblés jeudi à Conakry au domicile de Jean-Marie Doré, président de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG) et porte-parole des Forces vives -opposition, syndicats et société civile.
D’autres leaders s’étaient déjà réunis autour d’un déjeuner la veille à Paris. Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé (rassemblement du peuple de Guinée, RPG), Sidya Touré (Union des forces républicaines, UFR), François Loucéni Fall (Front uni pour la démocratie et le changement, FUDEC), Mamadi Diawara (Parti du travail et de la solidarité, PTS) et Malick Sankon (La Cause Commune, LCC) étaient présents.
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