Il était une fois… les indépendances de 1960

Alors que dix-sept pays du continent fêtent en 2010 les 50 ans de leur indépendance, Jeune Afrique a choisi de revenir sur les enjeux et les symboles culturels d’une époque emplie d’espoir: celle des années 1960.

Campagne publicitaire pour Jeune Afrique, en 1960 © KAHIA

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ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 2 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Année de tous les combats, 1960 aura vu se lever une aube nouvelle avec la concrétisation, dans dix-sept pays du continent, de myriades de rêves de liberté. Les chaînes de la colonisation brisées, le regard tourné vers l’avenir, les États prennent leur destin en main. Mais 1960 aura eu aussi une portée culturelle. À Léopoldville (Kinshasa), Joseph Kabassele et l’African Jazz chantent « Indépendance Cha Cha », un hymne à la liberté recouvrée. À Dakar, deux grandes sommités intellectuelles, Léopold Sédar Senghor, chef de l’État, et l’égyptologue Cheikh Anta Diop, ont deux visions opposées de l’Afrique. Et se livrent une lutte sans merci, sans pour autant que le premier mette le second en prison.

Génération de combat

À Lagos, un jeune dramaturge, Wole Soyinka, déjà rebelle, monte de façon iconoclaste une pièce de théâtre commandée par les autorités à l’occasion de la proclamation de l’indépendance. Sur la Grande Île de l’océan Indien, le poète Jacques Rabemananjara retrouve le pays natal et entre en politique. Et que dire de Sembène Ousmane, cet ancien docker devenu écrivain par la force de son vécu, qui publie un roman à haute valeur historique, Les Bouts de bois de Dieu ? Pendant ce temps, Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, sort de terre.

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La création pour soi et par soi

On le voit, la culture est déjà au centre des préoccupations. Il faut, grâce au soleil des indépendances, pour parler comme Ahmadou Kourouma, créer, l’esprit libre, désaliéné, et laisser libre cours au génie de chacun. Se désaliéner c’est, comme le demande Senghor aux instrumentistes sénégalais, organiser des parades au son du tam-tam, habiller les majorettes à la mode locale. Cette revalorisation de soi connaîtra son point culminant en 1966, lors du premier Festival mondial des arts nègres, à Dakar.

Évidemment, cette prise de conscience n’est pas une nouveauté. Elle est le prolongement de combats menés depuis l’époque coloniale par des hommes qui avaient placé l’émancipation des peuples au cœur de leur vie. Ce qui est inédit, en revanche, c’est le fait de ne plus créer sous la tutelle d’un œil étranger, mais pour soi et par soi. Il y a cinquante ans, l’Afrique était plutôt bien partie.

 

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