Il y a cinq ans, la paix en Casamance

Publié le 30 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Nous sommes le 30 décembre 2004. En cette journée ensoleillée, Ziguinchor est le théâtre d’un événement historique: la signature de l’accord de paix entre les autorités sénégalaises et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom et l’abbé Diamacoune Senghor, leader historique du mouvement rebelle, paraphent solennellement le texte, sous le patronnage du président Abdoulaye Wade en personne. Lors de son accession au pouvoir, ce dernier s’était juré de régler la question casamançaise en cent jours. Après vingt-deux ans de guerre, l’espoir d’un retour à la normale renaissait véritablement.

Ce 30 décembre, le MFDC s’engage à « renoncer définitivement à la lutte armée et à l’usage de la violence ». Outre la création d’un Conseil de surveillance de l’accord de paix (composé de représentants de l’Etat, du MFDC et de la société civile), le document prévoit la mise en place d’un groupe d’observateurs chargés de la démobilisation et du désarmement des rebelles. Le contrôle des armes stockées incombe notamment au comité international de la Croix-Rouge (CICR). On ne conclut pas des pourparlers mais on définit « le cadre global de la paix, à l’intérieur duquel des négociations vont être menées », ce qui est une solution originale.

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La question est sur toutes les lèvres : cette tentative d’accord sera-t-elle la bonne ? L’optimisme règne cependant pour les Casamançais. Car le nouvel accord implique pour la première fois toutes les factions du MFDC, y compris la branche armée. La présence de Lansana Goudiaby, Mamadou Goudiaby et Bertrand Diamacoune, les influents lieutenants du chef historique du mouvement séparatiste, lors de la cérémonie de signature, conforte ces espoirs. Les précédents traités signés en 1991 (Cacheu, Guinée-Bissau) et en 1999 (à Banjul, Gambie, par le général Lamine Cissé, alors ministre de l’Intérieur), n’avaient pas réussi à mettre fin au conflit. Même la visite du pape Jean-Paul II en Casamance, en 1992, n’y avait rien changé.

C’est le 18 décembre 1983 que le conflit commence, lors de la radicalisation du MFDC qui lance sa première opération armée pour exprimer son impatience vis à vis du pouvoir central. La crise est née d’une frustration des habitants de la Casamance, convaincus que l’Etat sénégalais ne prend pas suffisamment en compte leurs problèmes socio-économiques. Enclavée au Nord par la Gambie et au Sud par la Guinée-Bissau, la région est considérée comme le grenier du pays. Mais au début des années 1980, elle a bien du mal à revitaliser le secteur agricole, affaibli par les sécheresses des années 1970 et le choc pétrolier de 1973. Les vagues de violence ont eu lieu en 1982, au début des années 1990 et en 1997. Si le nombre de tués (qui seraient des centaines) demeure inconnu, on comptait en 2009, 10 700 personnes déplacées à Ziguinchor…

Depuis la signature de l’accord de 2004, la région méridionale connaît une accalmie relative. Mais le conflit continue à hanter la population. Et pour cause: des hostilités ont repris en milieu d’année 2009 et ont justifié le renforcement des effectifs militaires dans la région. Le MFDC est affaibli par ses divisions internes et la population vit de nouveau dans la crainte de violents heurts. De petites factions continuent de s’opposer à la réconciliation. La sortie de crise semble d’autant plus difficile qu’il est désormais impossible de distinguer les « bons » des « mauvais » – et les vrais rebelles des bandits -, même au sein des 97 ONG implantées dans la région…
 

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