Terrorisme : le mystère Umar Farouk Abdulmutallab

Umar Farouk Abdulmutallab a été inculpé samedi 27 décembre pour tentative d’attentat à bord du vol 253 reliant Amsterdam à Detroit. Qui est vraiment ce jeune Nigérian, fiché par les autorités américaines, qui a affirmé avoir des liens avec le réseau terroriste Al Qaïda?

Publié le 27 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Inculpé sur son lit d’hôpital. Umar Farouk Abdulmutallab a comparu devant le juge Paul Borman samedi, dans l’enceinte de l’hôpital de Detroit. C’est là que le Nigérian de 23 ans a été admis pour une brûlure grave à la cuisse. Brûlure causée vendredi lors de sa tentative d’attentat à bord du vol 253 reliant Amsterdam à Detroit.

Une enfance privilégiée

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Qui est donc Umar Farouk Abdulmutallab ? Il est issu d’une famille polygame de seize enfants, fils de la deuxième femme de Umaru Mutallab, grand banquier de son état. Une des femmes de ce lui-ci est d’origine yémenite, mais on ne sait pas encore s’il s’agit de la mère d’Umar Farouk.

Umaru, le père, a pris sa retraite il y a moins de trois semaines, à 70 ans. Il était à la tête de la première banque du pays, la First Bank of Nigeria. Il a également dirigé la United Bank of Africa jusqu’en 1988, ainsi que la première banque islamique du Nigeria, la Jaiz International. Et il siège encore au conseil d’administration de plusieurs grandes entreprises. Dans les années 70, il a même été ministre au sein des gouvernements militaires. Autant dire que Umar Farouk Abdulmutallab n’a pas eu une enfance défavorisée…

Ce dernier étudie à la British School de Lomé (Togo), où il était considéré comme un élève particulièrement doué en études coraniques, s’adonnant au prosélytisme. Un de ses anciens professeurs, cité par la BBC, confirme: «Il était très assidu, enthousiaste, très brillant, très poli…» Même si en 2001, il avait défendu les attentats du 11 septembre et avait gagné le surnom réservé par ses camarades à Oussama ben Laden: "Alfa". A cette époque, son professeur se dit juste qu’Umar Farouk se fait "l’avocat du diable". Que, comme beaucoup d’adolescents, il est mal dans sa peau…

Radicalisation progressive

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Mais au fil des années, il se radicalise. De 2005 à 2008, il étudie l’ingénierie mécanique à l’University College de Londres (UCL) et prend vraisemblablement contact avec des islamistes radicaux basés à Londres. CNN cite des « sources familiales » selon lesquelles les parents du suspect étaient inquiets de ses positions islamistes, parfois extrêmes. Des positions qui l’auraient d’ailleurs éloigné de nombreux membres de sa famille, rapporte le quotidien nigérian This Day.

Les sources de CNN ont également accrédité l’idée d’un séjour récent de Umar Farouk Abdulmutallab à Dubaï, puis au Yémen, où ce dernier assure avoir été entraîné par Al Qaïda alors qu’il coupait totalement les ponts avec sa famille.

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Le père d’Umar Farouk Abdulmutallab, « bouleversé » par la tentative d’attentat, avait mis en garde les services de sécurité nigérians et l’ambassade américaine à Abuja quant au revirement islamiste de son fils. Ce qui a permis son inclusion dans la liste de quelque 550 000 personnes connues des services anti-terroristes américains.

Il ne figurait cependant pas sur la liste des 4 000 personnes interdites dans l’espace aérien américain. D’où le fait qu’il ait pu voyager sans encombre.

Sécurité maximum

L’affaire a provoqué un renforcement des mesures sécuritaires dans les aéroports, notamment européens, avec la fouille au corps de tous les passagers en partance pour les Etats-Unis ou des contrôles supplémentaires des bagages à main.

Au Nigeria, même le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend) condamne l’attentat. Quant au vice-président Goodluck Ebele Jonathan, il « a ordonné aux agences de sécurité nigérianes d’enquêter sur l’incident », indique le communiqué de la ministre de l’Information Dora Akunyili.

« Des mesures sont prises pour vérifier l’identité du suspect et ses motivations, nos agences de sécurité coopéreront totalement avec les autorités américaines dans l’enquête », a ajouté la ministre.

Rappel des faits

Le jeune musulman – qui, faute de moyens, bénéficie des servivces d’un avocat commis d’office – disposait d’un explosif (le pentrite) indétectable dans les aéroports. Juste avant l’atterrissage de l’appareil de la compagnie Delta Airlines, qui comptait 289 personnes à son bord, l’inculpé a voulu mélanger la poudre à un liquide.

La manipulation a provoqué de petites détonations semblables à celles de « pétards », selon les passagers. Des passagers qui se sont rapidement mobilisés pour maîtriser Umar Farouk Abdulmutallab. A coups d’extincteurs, ils se sont employés à éteindre les flammes naissantes.

L’un d’eux s’est d’ailleurs blessé à la main. « Je lui ai sauté dessus, j’ai essayé de le fouiller à la recherche d’explosif, et puis j’ai pris une espèce d’objet qui était déjà en train de fondre et de fumer, et j’ai essayé de l’éteindre », a confié à CNN le Néerlandais Jasper Schuringa.

(avec AFP)

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