Laurent Gbagbo : « Ma campagne sera correcte, mais je n’irai pas à l’élection comme un mouton à l’abattoir »

Dans une longue interview à Jeune Afrique, Laurent Gbagbo explique sa vérité sur l’élection présidentielle prévue au premier trimestre 2010. Mais il revient aussi sur ses relations avec ses rivaux et avec la France, sur ses années de pouvoir, et sur tous les dossiers chauds de l’actualité.

ProfilAuteur_EliseColette

Publié le 26 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Reporté six fois en quatre ans, l’élection présidentielle ivoirienne doit se tenir avant la fin du premier trimestre 2010. Laurent Gbagbo, locataire du palais présidentiel depuis octobre 2000, explique sa sérénité à l ‘approche du scrutin et explique sans détour son désir de combattre ses rivaux, dans une interview accordée à Jeune Afrique (n°2555-2556, en vente en kiosques).
L’élection présidentielle, ses années au pouvoir, Bédié, Ouattara, Compaoré, mais aussi la Guinée, la France, les affaires… Laurent Gbagbo se livre à cœur ouvert.

Se montrer agressif
« J’ai rarement vu les sondages se tromper jusqu’au bout sur l’identité du futur gagnant. ». Dopé par plusieurs enquêtes d’opinion qui le donnent vainqueur à chaque fois au second tour, Laurent Gbagbo attend l’élection présidentielle de pied ferme. « Je suis un enfant des combats démocratiques, ce sont les électeurs qui m’ont fait et il en sera toujours ainsi », déclare-t-il.

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Très incisif à l’encontre de Bédié et Ouattara, ses principaux rivaux, il considère que « le rassemblement des Houphouëtistes n’est qu’une alliance d’Etats-majors minés par leurs arrière-pensées contradictoires » et ironise sur la virulence de leurs attaques à son égard. « L’élection, c’est une première pour eux, ils doivent penser que pour être crédible, il faut avoir la rage, attaquer, se montrer agressif. »

"La manipulation existe"
Au sujet de la France, le président ivoirien estime que si les choses vont mieux, c’est parce qu’à Paris, « le temps du mépris à [son] égard paraît être révolu ». Il précise avoir aujourd’hui une relation « normale» avec le président Nicolas Sarkozy, accuse Jacques Chirac d’avoir été « hypocrite » et regrette que le Parti socialiste français ait « failli à son devoir et à ses engagements".

Régulièrement interpellé au sujet du charnier de Yopougon, du bombardement de Bouaké mais aussi d’autres affaires, Laurent Gbagbo avoue songer à « une commission de juristes et de magistrats qui aideront les Ivoiriens à voir clair dans ce passé qui ne passe pas ». Quant à la disparition de Guy-André Kieffer, il « ne pense pas que l’on éprouvera un jour l’impérieux besoin de créer une commission d’enquête sur ce cas précis », qui, de son point de vue, « émeut beaucoup plus les Français que les Ivoiriens ».

Sûr de lui, ambitieux et iconoclaste, le président ivoirien sait aussi jouer la provocation. « Quand j’entends dire : ’si l’humanité devait se choisir un père, il s’appellerait Mandela’, je ne marche pas. Nelson Mandela est un homme politique. Ce n’est pas un mythe. » Ou encore, au sujet de la Guinée et du massacre dans le stade de Conakry : « Je ne passe pas l’éponge sur le 28 septembre, mais je sais aussi, pour l’avoir vécu, que la manipulation existe… Ne vous étonnez pas si les Africains ne croient plus en ce que l’Occident raconte sur eux. »

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Laurent Gbagbo dans l’édition de Jeune Afrique n°2555-2556, en vente en kiosques du 27 décembre 2009 au 9 janvier 2010.

 

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