Rajoelina reprend la main

Isolé à l’extérieur comme à l’intérieur de Madagascar, le président de la Haute autorité de transition tente de reprendre la main en convoquant une élection législative pour le 20 mars prochain.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 16 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Andry Rajoelina, l’homme fort de Madagascar, lâche du lest. "Aujourd’hui c’est le peuple qui doit décider. Aussi ai-je décidé d’organiser des élections législatives en date du 20 mars", a-t-il déclaré à Antananarivo, le 16 décembre, avant d’ajouter que la nouvelle Assemblée devrait désigner un nouveau Premier ministre et, surtout, "voter la Constitution et nous mener vers la 4e République".

Cette décision découle, selon le président de la Haute autorité de transition (HAT), du fait qu’il serait "impossible de travailler en cohabitation avec les trois autres mouvances [de l’opposition, ndlr] pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale". Or c’est l’objectif que souhaite précisément atteindre la médiation internationale chargée de résoudre la crise politique qui paralyse la Grande Île depuis mars 2009, avec le départ forcé du président Marc Ravalomanana, désavoué par l’armée.

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L’homme fort isolé

La décision de Rajoelina paraît pourtant davantage motivée par la volonté de reprendre la main que par la "mésentente" avec l’opposition, qui n’est pas nouvelle. L’homme n’a en effet jamais été autant isolé depuis que son bras de fer a commencé, en décembre 2008, avec l’ancien président Marc Ravalomanana.

Dans son fief d’Antananarivo, sa cote de popularité est aujourd’hui au plus bas. Il a même perdu de précieux soutiens, notamment dans la nouvelle génération d’hommes politiques malgaches comme Roland Ratsiraka, neveu de l’ancien président, qui ne revendique plus son titre de vice-président de la HAT.

Ravalomanana et Ratsiraka, le deux ennemis jurés, se sont même rapprochés depuis les négociations d’Addis-Abeba, en novembre dernier. Et, en l’absence de Rajoelina, les trois autres mouvances de l’opposition se sont réunies entre elles, du 4 au 9 décembre, pour s’entendre sur la répartition des portefeuille ministériels.

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Pas d’élection présidentielle en vue

Enfin, Rajoelina n’a pas évoqué dans son discours une quelconque élection présidentielle, qui est pourtant le but ultime que s’est fixé la médiation internationale. "Ce qu’on demande aujourd’hui à la communauté internationale, ajoute Rajoelina, c’est de ne pas trop rentrer dans les affaires de l’Etat malgache, les problèmes de ce pays ne se résoudront qu’à travers l’élection législative". Des propos qui confirment que Rajoelina tourne le dos aux efforts de médiation entrepris jusqu’à présent.

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"Je ne pense pas que [la tenue de législatives, ndlr] soit la bonne solution", a déclaré à l’AFP Ange Andrianarisoa, chef de la délégation d’une des trois mouvances de l’opposition malgache, celle de Ratsiraka. Pour lui, la priorité consiste d’abord à être autorisé à "rentrer à Madagascar". Les autorités malgaches empêchent en effet depuis la semaine dernière les trois mouvances de l’opposition, qui avaient participé au Mozambique à des négociations boycottées par Rajoelina, de rentrer dans leur pays. Et Rajoelina n’a donné aucune garantie ferme quant au retour de ces personnalités. Or que vaudrait une législative sans candidats de l’opposition? (avec AFP)

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