Toumba contre-attaque
Dans une interview à RFI, l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara explique pourquoi il a ouvert le feu sur son patron. Et accuse celui-ci d’être à l’origine de la sanglante répression du 28 septembre au stade de Conakry.
Aboubacar Sidiki « Toumba » Diakité est un homme traqué. Depuis que l’aide de camp de Moussa Dadis Camara, le président autoproclamé du pays et chef de la junte au pouvoir en Guinée depuis le 23 décembre 2008, a ouvert le feu sur son patron le 3 décembre dernier, le blessant à la tête (« la tempe droite » selon lui), le gouvernement a promis 200 millions de francs guinéens (près de 27 000 euros) à quiconque fournira des informations permettant de le capturer.
Une répression supervisée par la présidence
Dans une interview à RFI, Toumba explique son geste par la trahison de Dadis qui, selon lui, voulait lui faire porter l’entière responsabilité des massacres du 28 septembre au stade de Conakry. Il accuse Dadis d’avoir tout planifié en ordonnant à son second, le lieutenant Marcel Guivalogui, de diriger la répression. Selon lui, l’opération aurait été supervisée par la présidence et le ministre en charge de la Sécurité présidentielle Claude Pivi.
« Le jour du 28 septembre, il [Dadis] les a envoyés en précurseurs pour aller s’opposer, empêcher les manifestants sur leur chemin, dit-il sur RFI. (…) Il a également fait venir 250 nouvelles recrues du Centre d’instruction de l’armée de mer qui ont été manipulés, habillés en tenues civiles, armés d’arme blanche et qui ont causé d’énormes massacres ».
Toumba se pose en sauveur
Toumba ne nie pas sa présence sur le terrain où, selon de nombreux témoignages, il a été vu commettre des exactions en compagnie des bérets rouges, mais dément toute participation aux violences contre les civils. « Nous sommes venus au stade dans les environs de 11 heures. La responsabilité individuelle que j’ai prise est directement allée pour sauver les leaders [politiques de l’opposition, ndlr], affirme-t-il (…) Tous les corps habillés se sont mal comportés. Moi-même, j’ai reçu des coups, les leaders peuvent en témoigner. (…) J’ai aussi donné des coups à certains militaires, policiers et gendarmes pour sauver des leaders. (…) Il y avait la police, la gendarmerie et des hommes infiltrés par le pouvoir », ajoute-t-il.
La Guinée s’enfonce dans le chaos
Où est désormais Toumba ? Nul ne le sait. On le dit un jour réfugié à l’ambassade de France, le lendemain sain et sauf hors du pays, d’où il se serait enfui déguisé en femme. Et nul ne dit comment il aurait pu s’échapper de la presqu’île de Kalloum où il s’était dans un premier temps réfugié. Une chose est sûre : la traque des « traîtres » liés à Toumba est prétexte à toutes sortes d’assassinats et d’intimidations. Et la Guinée s’enfonce, chaque jour un peu plus, dans le chaos.
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