Copenhague : les Africains sur le point de claquer la porte
Les pays africains ont suspendu lundi matin leur participation aux discussions à Copenhague pour protester contre le non-renouvellement des engagements contraignants des pays développés. Ils ont finalement repris le dialogue en début d’après midi.
Les pays africains, soutenus par les pays en développement du G77, ont suspendu ce matin leur participation aux groupes de travail des négociations sur le climat à Copenhague, a indiqué un ministre occidental qui a requis l’anonymat.
Selon ce ministre, les pays en développement estiment que la conférence de Copenhague néglige l’importance du renouvellement des engagements, au-delà de 2012, des pays industrialisés dans le cadre du protocole de Kyoto.
"Ils ont quitté les groupes de travail et refusent le processus ministériel" défini par la présidente danoise de la conférence, Connie Hedegaard, réclamant une réunion des ministres exclusivement consacrée aux suites à donner au Protocole de Kyoto, après 2012.
Le débat a finalement repris en début d’après-midi. "Nous revenons" à la table des négociations, a déclaré à Reuters Pa Ousman Jarju, membre de la délégation gambienne.
Les Africains pessimistes
Le protocole de Kyoto est à ce jour le seul instrument légal contraignant contre le réchauffement climatique. Et il faisait partie de la position commune adoptée par les pays africains pour les négociations.
"Le consensus africain tourne autour de trois points, explique Salifou Sawadogo, ministre burkinabè de l’Environnement. D’abord, il faut maintenir le Protocole de Kyoto, car nous ne voulons pas de nouveaux instruments juridiques. Ensuite, nous voulons des financements prévisibles et sans conditionnalité, autour de 65 milliards de dollars pas an. Enfin, nous souhaitons aborder la question de l’énergie et des transferts de technologie qui lui sont liés".
Mais déjà, à la veille de Copenhague, la plupart des ministres africains interrogés par J.A. s’étaient montrés pessimistes quant aux chances de parvenir à un accord satisfaisant. "Les caisses sont vides, nous dit-on? Pourtant, elles étaient pleines quand il s’est agit de sauver les banques de la faillite!", s’exclamait le ministre sénégalais de l’Environnement, Djibo Leyti Kâ, le 27 novembre à Deauville (France).
Le plan de la dernière chance
L’accord auquel les pays en développement du G 77 rêvent de parvenir a été divulgué en fin de semaine dernière. Il insistait sur l’aspect contraignant dudit accord et sur l’instauration d’un Fonds global du climat qui serait placé sous le régime de la Convention des Nations unies, ce qui excluerait de facto le recours à la Banque mondiale, souhaité par les Etats-Unis. Le texte précisait également que le Fonds pour l’environnement mondial – une structure autonome et agissant depuis plus de dix ans – serait « l’entité opérationnelle du Fonds global ».
A Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement européens avaient répondu en promettant d’accorder 7,2 milliards d’euros d’aide rapide aux pays pauvres sur trois ans, soit 2,4 milliards d’euros par an en 2010, 2011 et 2012. Une somme qui financerait un fonds mondial alimenté par les nations riches à hauteur de sept milliards d’euros par an.
Mais les pays du G77 critiquent le manque d’ambition de l’UE, qui ne s’est pas prononcée sur l’aide à moyen et long terme. L’annonce européenne a ainsi été jugée "insignifiante" par le délégué soudanais Lumumba Stanislas Dia-Ping, dont le pays préside le G77, lequel représente 130 pays en développement. "Cela nourrit en réalité encore plus la défiance sur les intentions des leaders de l’Union européenne à l’égard du changement climatique", a-t-il ajouté.
Pour sortir de l’impasse deux solutions: un nouveau plan, celui de la dernière chance, qui pourrait être présenté par la présidente danoise de la conférence, Connie Hedegaard, avant mercredi. Ou une entente in extremis entre les chefs d’Etat eux-mêmes, à partir de jeudi. (Avec AFP)
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