Le minaret de la rébellion

Un suisse a construit un minaret sur le toit de son entreprise. En protestation au vote de ses concitoyens contre l’érection de minarets dans la confédération.

Publié le 11 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

« C’est la honte ! » Non, il n’est pas musulman. Oui, il vient d’ériger le cinquième minaret suisse sur le toit de l’immeuble de son entreprise, dans la banlieue lausannoise. Lui, c’est Guillaume Morand, sympathique propriétaire suisse de la chaîne de magasins de baskets « Pomp it up ». Il proteste à sa façon après l’interdiction décidée par 57% des votants suisses de construire des minarets, lors du référendum du 29 novembre.

« On a voté contre un problème qui n’existait pas »

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Evidemment, l’édifice fait de PVC et de bois, surplombant une ancienne cheminée du vieil immeuble industriel, est factice. Il a été dessiné et conçu dans une cave par Serge, dessinateur-architecte et collaborateur de Guillaume. « Il est très haut placé, on le voit depuis toute l’autoroute, un axe très fréquenté », se réjouit-il.

« Personne ne savait que les minarets existaient. Tout le monde s’en foutait ! On a voté contre un problème qui n’existe pas, c’est anticonstitutionnel ». L’homme de 46 ans déplore le rapprochement des partis du centre avec l’extrême droite, après la votation. « Ils n’ont pas pris leurs responsabilités. Vous, en France, vous avez Sarkozy qui rallie les électeurs du Front national avec son débat sur l’identité nationale. Nous, on a le PDC, le parti démocrate-chrétien, qui cherche à radicaliser le débat. C’est une diabolisation de l’Islam ! », lance-t-il.

Reconnaissance de la communauté musulmane

Guillaume Morand souhaite ainsi redorer l’image d’une Suisse dont les valeurs d’accueil et de neutralité ont été « écornées ». La sanction ? Il n’en a pas peur. « Nous nous sommes fait injurier par les voisins qui ont appelé la police. Elle a vite débarqué ! Mais on nous a laissé finir l’édification. Seule la commune pourrait porter plainte, car nous n’avons aucun permis de construire ».
Son entourage bien sûr, mais aussi la communauté musulmane lui ont témoigné leur reconnaissance. A l’image de ce psychiatre qui, très ému, est venu frapper à sa porte pour le remercier en lui offrant une boîte de chocolats.
Le médecin ne le savait peut-être pas, mais son geste est un joli clin d’œil à Philippe Suchard, le célèbre chocolatier suisse, qui reste dans l’Histoire comme le premier particulier à avoir érigé un minaret en 1865 sur le toit de sa maison, après un voyage au Moyen-Orient dont il était revenu fasciné.
 

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