Jim Jarmusch, le mystère à l’oeuvre

Invité spécial du Festival international du film de Marrakech, qui lui consacre une rétrospective, le cinéaste américain Jim Jarmusch a donné une “leçon” de cinéma bien particulière. Reportage.  

Publié le 9 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Oubliez vos souvenirs de collège ou de lycée. Vous êtes bien en classe, mais aujourd’hui le professeur s’appelle Jim Jarmusch. Et il est venu parler cinéma.

Deux heures avant le début de la « Master class », l’un des évènements les plus attendus du Festival de Marrakech, des jeunes attendent déjà à l’extérieur du Palais des congrès. Étudiants en école de cinéma, lycéens ou simples curieux se pressent dans la salle aux côtés de réalisateurs aussi célèbres qu’Elia Suleiman ou Abbas Kiarostami. Tout le monde attend sagement le grand réalisateur américain aux éternels cheveux blancs.

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La session commence. « Je ne suis pas un professeur mais un étudiant du cinéma, dit Jarmusch. C’est un art où l’on passe son temps à apprendre… » Pendant une heure, le public est attentif, respectueux, mais pas du tout intimidé. Une grande décontraction règne, les rires fusent et des explosions d’applaudissements accompagnent les bons mots du réalisateur. 

"Je n’aime pas les plans"

S’il est l’auteur de chefs d’œuvre aussi aboutis que Strangers in paradise, Dawn by law, Ghost Dog ou encore Dead Man, Jim Jarmusch n’a rien d’un donneur de leçons. Il n’a qu’un mot à la bouche:  « mystère ». « On ne sait jamais pourquoi on réussit une scène, pourquoi un plan est magique. La force du cinéma c’est de capter un moment qui est par définition unique et qui reste à jamais mystérieux. »

« Je n’aime pas les plans » reprend-il. Loins d’être calculateur, ou carriériste, Jarmusch est un infatigable explorateur dont les références vont de la pop musique à Jean-Sébastien Bach, de Johannes Vermeer à Andy Warhol et aux mangas d’aujourd’hui. Il lui arrive même de citer l’auteur latin Virgile. 

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"Don’t follow the leaders!"

Les jeunes participants sont impresionnés. « J’ai noté tout ce qu’il a dit dans mon carnet et je vais essayer de voir ses films. J’ai l’impression d’être aux États-unis dans une grande école de cinéma ! », s’extasie une timide jeune femme voilée, étudiante à la faculté de lettres de Marrakech. « C’est un grand monsieur. Il est très drôle et on sent qu’il respecte vraiment les gens », ajoute Rachid, un lycéen.

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L’une des plus grandes réussites du festival 2009 réside, sans conteste, dans les rencontres organisées avec des cinéastes comme Émir Kusturica et Jim Jarmusch, qui ont construit des oeuvres en dehors des grands studios et loin des schémas préétablis. Ce qui reste, bien-sûr, la meilleure façon d’inciter les jeunes réalisateurs à emprunter leur propre chemin.

« La plus grande leçon de cinéma que j’ai jamais reçue, conclut Jarmusch, c’était: « Don’t follow the leaders ! »

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