Trois questions à: Marcela Moura (Fissures, de Hicham Ayouch)
La comédienne principale de Fissures raconte son expérience éprouvante à notre envoyée spéciale à Marrakech, Leïla Slimani.
Jeune Afrique : Comment avez-vous été amenée à participer à ce projet ?
Marcela Moura : J’étais venue au Festival de Montréal pour présenter un film brésilien, dont j’étais la comédienne principale. C’est là que j’ai rencontré Hicham. Nous avons continué pendant plusieurs mois à nous parler au téléphone ou par mail. Et puis un jour, lors d’un passage à Paris, il m’a proposé de venir dès le lendemain à Tanger pour tourner le film. Je suis allée dans une agence de voyage, il restait un billet. Je me suis dit que c’était un signe : je me suis jetée à l’eau !
Tanger occupe une place centrale dans le film. Comment avez-vous abordé cette ville ?
Pour moi c’était d’abord un dépaysement total parce que je n’étais jamais venue à Tanger ni même au Maroc. Le jour où je suis arrivée, il pleuvait à verse et il faisait très froid. La ville n’était pas très accueillante mais je me suis dit, « Tanger, tu ne me fais pas peur ! ». Et j’ai fini par l’apprivoiser.
Comment s’est passé le tournage ?
Le tournage a été très éprouvant, aussi bien physiquement que moralement. On avait très froid, les conditions de travail étaient dures. Mais surtout, j’ai ressenti des difficultés à trouver mon personnage. Je peux avoir tendance à être une actrice très technique. Donc, quand on travaille comme ça, sans scénario, je peux me sentir un peu perdue. Pour aborder le personnage de Marcela, j’ai dû chercher les failles au plus profond de moi, j’ai réveillé des angoisses enfouies depuis longtemps. Même quand on est équilibré, on trouve toujours en soi une part d’ombre qu’on peut exploiter pour le jeu.
