Émir Kusturica, un grand prince du cinéma
Le 7 décembre, le Festival international du film de Marrakech rendait hommage au réalisateur serbe Émir Kusturica, un amoureux du Maroc.
Si vous voulez des paillettes, des sourires hollywoodiens et des interviews formatées, alors passez votre chemin. Lundi soir, le Festival de Marrakech rendait hommage à Émir Kusturica, un vrai militant du cinéma d’auteur.
Dans l’après midi, le réalisateur aux deux Palmes d’or du Festival de Cannes arrive décontracté à la conférence de presse en treillis militaire et veste kaki. S’il est ému par l’hommage qui lui est rendu, il n’est pas dupe des cérémonies officielles et ne verse pas dans le sentimentalisme. « Sergio Leone, qui fut l’un des plus grands réalisateurs du monde, n’a jamais recu un prix », rappelle-t-il malicieusement.
Le musicien et cinéaste serbe est venu au festival de Marrakech par amour pour le cinéma, mais aussi pour le Maroc, pays où il s’est d’ailleurs produit en mai de cette année au festival de musique Mawazine, avec son groupe The No Smoking Orchestra. « Je trouve merveilleux qu’il existe encore, dans les pays du Sud, des festivals comme celui de Marrakech pour protéger un cinéma artisanal, qui échappe à la grande machine de la standardisation hollywoodienne », s’est-il réjouit avant d’encourager le Maroc à devenir une grande terre de cinéma. « Vous avez un climat agréable et des paysages magnifiques. Faites-en profiter vos artistes et ne devenez pas seulement l’instrument du cinéma hollywoodien! »
Célèbre dans le monde entier, maintes fois récompensé pour ses films, Émir Kusturica reste un homme simple, facile d’accès, profondément passionné par son art. Dans le village serbe ou il vit, en vrai cinéphile, il se plaît à voir et revoir des films venus du monde entier. Et pour son travail de musicien, il s’inspire de musique arabe et de rythmes africains. « On ne peut jamais savoir d’où émergeront les grands artistes et les grands cinéastes de demain, reprend-il. Mais je souhaite que le monde arabe participe à sauver l’âme du cinéma, qui est aujourd’hui en danger. » Il l’a encore rappelé: en arabe, son prénom signifie « prince ». Et c’est un grand prince du cinéma que le festival de Marrakech a honoré.
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