Voyage en Heliopolis

Le premier film du jeune réalisateur égyptien Ahmad Abdalla a reçu un accueil enthousiaste à Marrakech.

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Publié le 7 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Certains films ont de la chance : ils bénéficient d’emblée d’un a priori positif du public. Ce 7 décembre au matin, dans la salle des ministres du Palais des Congrès, il fallait se battre pour trouver une place et assister à la projection d’Héliopolis de l’Égyptien Ahmad Abdalla. « Le cinéma égyptien était et reste le plus grand cinéma du monde arabe, s’enthousiasmait un spectateur. Ça a bercé notre enfance. À tel point que nous comprenons tous la langue égyptienne ! »
Premier film du jeune réalisateur Ahmad Abdalla, Heliopolis est baigné par la nostalgie d’une Égypte morte depuis longtemps. Les personnages évoluent dans le quartier éponyme, qui a connu ses heures de gloire dans les années 1960. « C’était mieux avant, quand il y avait encore des étrangers qui habitaient ici ! », dit l’un des protagonistes. Les synagogues ont été désertées, les églises ne font plus sonner leurs clochers et comme partout ailleurs dans le monde arabe, le multiculturalisme a reculé. « C’est la même chose chez nous ou en Algérie », regrette une jeune étudiante en cinéma. Si l’étranger a quitté les terres d’Islam, les Égyptiens eux ne rêvent que d’une chose, partir. Engy, personnage magnifiquement interprété par la comédienne Hanan Metaweh, s’imagine vivre dans un Paris mythifié et dort sous un poster kitsch de la tour Eiffel.
Si ce long-métrage a le défaut des premiers films et manque parfois de rythme, il est sauvé par le jeu irréprochable des acteurs. Des premiers rôles aux figurants, ils rivalisent tous d’élégance, de vérité et de sensibilité. Khaled Abol Naga en particulier a fait battre le cœur de ses dames. Qui n’ont pas hésité à jouer les groupies après la projection. Tout au long de cette dernière, une étrange complicité s’est nouée entre le public et le film. Comme si la critique politique subtile du régime policier de Moubarak, les références humoristiques à l’antisémitisme arabe et le traitement détaché de la question du voile parlaient aux Marocains. Le cinéma, apparemment mieux que le football, semble capable de rapprocher les peuples.

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