Les Marrakchis s’approprient leur festival

Dès le premier jour du Festival international du film de Marrakech, le succès populaire est au rendez-vous. Compte-rendu de notre envoyée spéciale.  

Publié le 5 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

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Nourredine Saïl est un homme heureux. « Ceux qui prétendent que les Marocains ont déserté les salles obscures pour regarder des DVD piratés sont dans l’erreur. En fait, les gens ne demandent qu’à voir de bons films dans des cinémas correctement équipés », dit le président du Centre cinématographique marocain (CCM). Un point de vue confirmé par l’engouement suscité, dès son premier jour, par le festival de Marrakech.

A 10h du matin, ce samedi 5 décembre, près de 150 jeunes se massent devant le Palais des Congrès où ont lieu les projections. Ils sont prêts à attendre des heures pour obtenir leur badge gratuit, précieux sésame qui donne accès à la plupart des séances.

 

Dans la file, l’ambiance est bon enfant. Pour patienter, on chante des chansons. On chahute un peu, aussi. La sécurité a tout prévu pour éviter le moindre « débordement ». Une file pour les garçons, et une autre pour les filles… Mais les jeunes sont là, avant tout, par amour du septième art.

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« Pendant longtemps, le festival de Marrakech a eu du mal à parler aux classes populaires. Les gens étaient un peu intimidés et n’osaient pas affluer dans les salles », explique un habitué. Les choses sont différentes aujourd’hui. Les Marrakchis se sont vraiment appropriés l’événement. « On en profite au maximum, c’est notre festival », lance Ali, un lycéen de 16 ans qui veut voir des films marocains, mais aussi des films asiatiques, nombreux à être projetés. « Grâce au festival, les jeunes sont attirés par des oeuvres qu’ils ne seraient jamais allées voir en temps normal », se réjouit Nourredine Saïl. Et c’était le cas, notamment, du film français projeté à 15h: Qu’un seul tienne et les autres suivront.

 

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Tourné entre Marseille et Alger, celui-ci raconte les destins croisés de cinq personnages se trouvant tous dans une même prison, mais pour des raisons différentes. L’actrice algérienne Farida Rahouadj et l’acteur Reda Kateb (Un prophète, de Jacques Audiard) y sont excellents. Dans la salle, les jeunes sont totalement absorbés par l’histoire. Et à la sortie, les conversations sont passionnées. « J’ai aimé parce que le film montre que la France, c’est aussi des Algériens et des Marocains », s’enthousiasme Mounia, une jeune étudiante en cinéma.

La démocratisation du festival de Marrakech n’est pas un phénomène isolé. « Depuis quelques temps, les gens ont pris l’habitude de participer à des rencontres cinématographiques. Je le vois à Tanger, à Khouribga et dans bien d’autres endroits », dit Saïl. Reste qu’avec une couverture de quasiment tous les médias nationaux, le festival de Marrakech rayonne dans tout le Maroc. Et devient, enfin, la fête du cinéma pour tous…

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