Mouctar Diallo prisonnier au camp Alpha-Yaya

Mouctar Diallo a été arrêté samedi 28 novembre à Conakry et conduit au camp Alpha-Yaya-Diallo, siège la junte guinéenne. Officiellement, l’éminent défenseur des droits de l’Homme est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, mais certains estiment que le militant paie ses déclarations sur les massacres du 28 septembre.

Publié le 3 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Mouctar Diallo réduit au silence. Le militant de l’Observatoire national des droits de l’Homme (ONDH) a été arrêté samedi par des gendarmes de la brigade de la lutte contre la drogue et le grand banditisme, selon l’un de ses proches interrogé par l’AFP.

« Il a reçu un coup de fil anonyme l’invitant à un rendez-vous au carrefour de Cosa (banlieue de Conakry), non loin de son domicile, précise ce proche. C’est en répondant à ce rendez-vous qu’il a été arrêté par les gendarmes qui l’ont conduit au camp militaire Alpha-Yaya-Diallo », siège de la junte au pouvoir depuis le 23 décembre.

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Accusé de tentative de putsch

Toujours en détention, Mouctar Diallo a confié à RFI : « Je tremblais quand je suis arrivé au camp Alpha-Yaya mais maintenant ça va. J’ai pu voir ma famille qui m’amène mes repas et ce mercredi j’ai pu m’entretenir pendant une quinzaine de minutes avec la commission d’enquête internationale [sur les massacres du 28 septembre] qui est actuellement à Conakry ».

Que reproche-t-on à l’ancien employé de l’ambassade des Etats-Unis ? Officiellement, il est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Plus précisément, il serait impliqué dans une tentative de putsch contre le Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD), emmené par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Une présomption qui repose en partie sur une rencontre que Mouctar Diallo aurait eu avec le colonel de gendarmerie Aboubacar Sidiki Camara, un ex-membre de la junte en dissidence.

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L’autre Mouctar Diallo

Pour les opposants au régime, c’est un faux prétexte. « Il détenait des informations de nature à compromettre la junte concernant les massacres du 28 septembre », confie à Jeune Afrique.com Lama Bangoura, vice-président des Nouvelles forces démocratiques (NFD), un parti d’opposition. Des informations dont il a récemment fait part à la radio La Voix de l’Amérique (Voice of America, VOA).

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Alors que la France réclame la libération de Mouctar Diallo, qui devrait être prochainement présenté à un juge, un autre Mouctar Diallo se démène, lui, pour convaincre qu’il n’est pas en prison. Il s’agit du président du NFD, en séjour à Abidjan depuis une quinzaine de jours pour raison médicale.

« Dès le samedi soir, des proches m’ont appelé, surpris d’entendre que j’avais été arrêté, nous explique-t-il. Je les ai rassurés et Lama Bangoura a apporté un démenti de mon arrestation à tous ceux qui l’appelaient, inquiets. Mais ça ne suffit pas et j’ai dû contacter moi-même les gens pour les rassurer. » Il s’est surtout concentré sur les jeunes, qui « avaient déjà commencé à s’organiser, à établir un plan pour manifester… ».

Les partisans du jeune activiste devraient bientôt pouvoir constater de leurs propres yeux que c’est bien un homonyme qui est incarcéré : le président du NFD prévoit de rentrer au pays ce week-end.

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