Le Rwanda intégré au sein du Commonwealth ?
Les chefs de gouvernement du Commonwealth étudieront la candidature du Rwanda à partir de vendredi, à l’occasion du sommet de l’organisation, à Trinité-et-Tobago. Le petit pays d’Afrique centrale renforcerait ainsi ses liens avec le monde anglophone.
En janvier 2008, à peine un an après la rupture des relations diplomatiques avec la France, Paul Kagamé avait contacté le secrétaire général du Commonwealth, Kamalesh Sharma, pour évoquer l’adhésion. Ce week-end, cette organisation majoritairement composée d’anciennes colonies britanniques devrait l’accepter dans ses rangs.
La candidature du Rwanda sera examinée entre vendredi et dimanche, lors du sommet annuel des chefs de gouvernement du Commonwealth, à Trinité-et-Tobago. Coïncidence, le président français Nicolas Sarkozy doit y faire une visite exceptionnelle pour évoquer le réchauffement climatique avant le sommet de Copenhague.
Renforcer sa présence internationale
Le cas du Rwanda est étudié officiellement par les 53 Etats membres depuis le mois de juin. En août, leurs avis positifs avaient permis à Kamalesh Sharma d’inviter le Rwanda à formaliser sa candidature.
Pour Kigali, l’adhésion au Commonwealth permettrait l’accès à sa réunion annuelle des chefs de gouvernement (CHOGM). Ces sommets sont une opportunité de s’adresser directement à des pays comme la Grande-Bretagne, l’Australie ou le Canada. En plus de la reconnaissance internationale, l’appartenance à l’organisation permet de faire progresser plus vite les négociations commerciales bilatérales.
Le Rwanda renforcerait ainsi les liens avec ses partenaires de la Communauté d’Afrique de l’Est qui en font déjà partie : le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Kampala, qui avait réussi à entrer au Commonwealth il y a deux ans et avec qui Kigali entretien d’excellentes relations diplomatiques, a fortement appuyé sa candidature. C’est à partir de ce pays que Paul Kagamé avait conquis le Rwanda à la tête du Front Patriotique Rwandais (FPR) en 1994.
Gages donnés au monde anglophone
Côté français, l’adhésion du Rwanda au Commonwealth pourrait être interprétée comme un signe d’éloignement. Les premières demandes de Kigali en ce sens avaient été formulées dans un moment de grande tension entre les deux pays. En 2006, l’émission de mandats d’arrêt contre certains des proches du chef de l’Etat par la justice française, dans l’enquête sur l’attentat contre l’ex-chef d’Etat Juvénal Habyarimana en 1994, avait provoqué la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. En 2008, l’anglais est adopté comme langue principale d’enseignement, au détriment du français. La représentante rwandaise pour la francophonie s’était alors défendu de toutes arrière-pensées diplomatiques dans une interview à Jeune Afrique. L’appartenance au Commonwealth n’est d’ailleurs pas exclusif de l’adhésion à l’institution jumelle, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le Rwanda sera le 11e pays appartenant simultanément aux deux héritières des empires coloniaux britannique et français. Et les doubles appartenances pourraient se développer : le Commonwealth intéresse aussi l’Algérie, le Soudan et Madagascar, un autre membre (pour l’instant suspendu) de la Francophonie.
Outre ses alliés régionaux, les gouvernements britannique, australien et canadien soutiennent fermement le Rwanda dans cette procédure. L’adhésion ne fait pourtant pas l’unanimité dans ces pays. Plusieurs ONG affirment que Kigali ne remplit pas les critères, parmi lesquels le « bon fonctionnement du processus démocratique ». Pour Leslie Haskell, chercheuse pour Human Rights Watch, interviewée par Jeune Afrique, les dernières élections ont été entachées « d’irrégularités » et le flou de la loi sur l’idéologie du génocide, votée en 2008, permet « au gouvernement d’empêcher les critiques de la politique nationale et de poursuivre les opposants ».
Cette opposition ne devrait toutefois pas contrarier l’arrivée du Rwanda au sein de la grande famille anglophone – et anglophile.
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