Présidentielle : Dadis s’en prend aux ex-Premiers ministres
La junte militaire au pouvoir en Guinée a menacé mercredi d’interdire aux anciens Premiers ministres de se présenter à la présidentielle, les accusant d’avoir « pillé » et « bradé » leur pays. Une déclaration qui intervient peu après l’arrivée à Conakry de la commission d’enquête des Nations Unies sur les massacres du 28 septembre.
« Tous ceux qui ont géré le pays, qui ont "goûté" au poste de Premier ministre ne peuvent être candidats (à l’élection présidentielle) en Guinée, a déclaré mercredi le ministre en charge de la Communication du chef de la junte. Le pays a été pillé, bradé par ces gens-là, on ne peut pas accepter ça. Ces personnes sont "poursuivables" sur le territoire guinéen parce qu’ayant géré et dilapidé les fonds publics. »
Neutraliser les opposants
Idrissa Chérif n’a pas cité de nom, mais on peut facilement imaginer que ce sont les grandes figures des Forces vives (opposition, syndicats, société civile) qui sont visées : Sidya Touré, François Lonsény Fall et Cellou Dalein Diallo. Les mêmes qui s’opposent à une éventuelle candidature du chef de la junte Moussa Dadis Camara. Les mêmes qui demandent son départ et la dissolution de son Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD) depuis les massacres du 28 septembre. Les mêmes qui semblent avoir gagné en popularité depuis la tragédie.
« Je crois qu’il (le chef de la junte) veut éliminer tous les concurrents sérieux pour (…) remporter les élections. Il veut éliminer tous les opposants capables de le battre au cours d’un simulacre d’élections », a déclaré à l’AFP Cellou Dalein Diallo, lui-même gravement blessé le 28 septembre.
« La déclaration de la junte n’est pas nouvelle, rappelle pour sa part Thierno Madjou Sow, président de l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH). A plusieurs reprises, elle avait parlé de faire des audits pour éliminer certains anciens Premiers ministres qui pourraient se présenter à la présidentielle. »
Le danger de l’enlisement
Reste que la menace du CNDD tombe le jour de l’arrivée à Conakry de la Commission d’enquête internationale des Nations Unies sur les massacres du 28 septembre. Ses membres : l’Algérien Mohamed Bedjaoui, de la Burundaise Françoise Ngendahyo Kayiramirwa et de la Mauricienne Pramila Patten. Pendant dix jours, ils auront pour mission d’« enquêter sur les faits et les circonstances des événements intervenus le 28 septembre et les jours qui ont suivi ».
En attendant les conclusions de l’enquête, les négociations entre la junte et les Forces vives se poursuivent sous la houlette du président burkinabè Blaise Compaoré. Des négociations très difficiles, chacun campant sur ses positions.
Or, le danger de l’enlisement est réel. Le représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, l’Algérien Saïd Djinnit, a appelé mercredi à « un accord le plus rapidement possible ». Faute de quoi, il craint une « issue dangereuse qui pourrait tirer le pays vers une guerre civile du type Liberia ».
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