Copenhague : le plan français pour l’Afrique
Deux semaines avant le sommet sur le climat de Copenhague, le ministre français de l’Ecologie Jean-Louis Borloo a déjà préparé une proposition d’accord. Elle prévoit un plan de 410 milliards de dollars sur 20 ans pour l’Afrique. Mais son financement, sous forme de prélèvement de type « taxe Tobin », s’annonce particulièrement difficile à négocier.
A Ouagadougou, lors du 7e forum mondial pour le développement durable début octobre, les dirigeants africains s’étaient mis d’accord sur le montant de la compensation qu’ils demanderaient à Copenhague. « Nous pensons qu’il faut 65 milliards de dollars (44 milliards d’euros) pour pouvoir faire face, d’un point de vue continental, à ces phénomènes de changement climatique », avait annoncé le président du comité d’organisation, Salifou Sawadogo, avant d’ajouter : « C’est dire si nos attentes sont très importantes ». A peine un moins plus tard, Jean-Louis Borloo, le ministre français du Développement durable, a des ambitions encore plus importantes pour l’Afrique.
305 milliards de dollars pour l’Afrique
Ses propositions en vue du sommet de Copenhague incluent en effet un « Plan Justice Climat » d’un montant de 410 milliards de dollars (274 milliards d’euros) sur 20 ans en direction des pays les plus fragiles face au réchauffement climatique, dont 305 milliards reviendraient au continent africain.
Selon le document, très ambitieux, qu’il a préparé, les investissements qui en découleraient pourraient faire de l’Afrique le premier continent utilisant exclusivement des énergies renouvelables en moins de 20 ans. Sur la même période, le taux d’accès à l’énergie de la population passerait de 23% aujourd’hui à 100%. Le plan comprend d’autres volets sur l’accès à l’eau, la lutte contre l’érosion, la déforestation… La reforestation, avec la « grande muraille verte » contre l’avancement du Sahara comme projet emblématique, serait aussi subventionnée.
Financement incertain
Comment financer un projet aussi audacieux ? Selon le texte, des financements « innovants » pourraient être mobilisés, parmi lesquels une « taxe Tobin » universelle. Cette taxe, théorisée par l’économiste américain James Tobin dans les années 1970, avait initialement pour but de freiner la spéculation boursière en prélevant un faible pourcentage sur chaque transaction. L’idée est régulièrement reprise, depuis, pour que les revenus d’une telle taxe – si elle était finalement mise en place – soient affectés au développement des pays du sud.
Mais les projets de concrétisations sont tout aussi régulièrement repoussés. Dernier exemple en mai dernier, quand le ministre français des Affaires Etrangères Bernard Kouchner, l’avait remis sur la table, avant d’être recadré par la ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, selon qui aucun projet « n’était à l’étude ».
Le plan Borloo envisage de la fixer à 0,01% sur l’ensemble de la planète, de quoi générer 20 milliards de dollars par an. Le ministre de l’Ecologie (dont les propositions n’ont pas été officiellement validées par l’Elysée) veut pourtant y croire. A Bruxelles hier, il s’est prévalu du soutien de l’Union européenne, même si la présidence suédoise n’a confirmé aucun chiffre précis.
Il sera plus dur, en revanche de convaincre la Chine et les Etats-Unis, principaux émetteurs de CO2. Traditionnellement opposés à l’idée d’une taxe sur les transactions financières, les Américains sont également réticents à tout accord chiffré à Copenhague. Et l’alternative de Borloo pour le financement de son plan (une contribution des Etats en fonction de leur développement et de leurs émissions de gaz à effet de serre) n’a pas non plus de quoi enthousiasmer les Etats-Unis…
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