Nucléaire iranien : Ahmadinejad fait la cour aux pays du Sud
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad vient d’entamer une tournée africaine et sud-américaine destinée à renforcer ses relations avec les puissances du sud. Au programme, économie, coopération, sécurité et…nucléaire.
Dimanche, alors que son président se trouvait en Gambie, première étape d’une tournée entre Afrique et Amérique latine, l’Iran engageait des manœuvres militaires de défense aérienne. L’objectif : démontrer les capacités du pays à protéger ses installations nucléaires en cas d’attaque de l’Occident.
En pleine crise nucléaire, alors que les tensions entre le groupe des Six (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et l’Allemagne) et Téhéran vont crescendo, la République islamique joue sur tous les tableaux, tantôt montrant ses muscles à ceux qui le soupçonnent d’enrichir de l’uranium à des fins atomiques, ce dont il se défend, tantôt cherchant des soutiens étrangers. C’est ce pan-là de sa stratégie que Mahmoud Ahmadinejad devrait soigner tout au long de sa tournée.
Au moment de quitter Téhéran, samedi, le président motivait son choix en ces termes : « des pays comme l’Iran, le Brésil, le Venezuela, la Bolivie, la Gambie et le Sénégal ont la capacité d’instaurer un nouvel ordre dans le monde. »
Son voyage a donc de quoi inquiéter Israël et les Etats-Unis, qui redoutent que le Venezuela ou la Bolivie ne fournissent de l’uranium à Téhéran pour son programme nucléaire.
Rapprochement « sud-sud »
Après une « réunion de travail » de 24 heures avec son homologue gambien Yahya Jammeh, Mahmoud Ahmadinejad est donc arrivé lundi au Brésil, où de nombreux manifestants s’étaient rassemblés pour protester contre cette première visite officielle. Isolé sur la scène internationale, en quête d’une nouvelle légitimité auprès de partenaires des pays du sud, le dirigeant iranien a placé au centre de ses discussions avec Luiz Inacio Lula da Silva une prochaine coopération en matière nucléaire.
« Nous pouvons développer des partenariats pour construire des usines nucléaires », a déclaré Mahmoud Ahmadinejad lors d’une interview à la télévision Globo TV News. « Nos deux pays ont besoin de l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité. Et le Brésil et l’Iran ont le droit de bénéficier de la technologie nucléaire. »
Le Brésil, proche de l’Etat hébreu et des Etats-Unis, est un atout stratégique dans le jeu de Téhéran, d’autant qu’il a défendu le droit de ce pays à développer librement son programme d’enrichissement d’uranium, et qu’il prêche pour le dialogue dans la résolution de la crise nucléaire.
Négociations irano-sénégalaises
Mahmoud Ahmadinejad doit ensuite se rendre au Venezuela, où il est assuré du soutien de son « ami » Hugo Chavez, très hostile à Washington. Puis, après une étape en Bolivie, il terminera sa tournée par une visite au Sénégal.
Là, il devrait entériner différents axes de coopération entre les deux pays. Mi-novembre, il a rencontré à Téhéran le ministre sénégalais des Affaires étrangères Madické Niang. Plusieurs projets bilatéraux ont été débattus, portant sur la politique internationale et la coopération économique.
L’Iran soutient notamment le vaste chantier d’industrialisation du Sénégal, et la coopération des deux pays pourrait s’élargir à « d’autres secteurs », selon un communiqué publié à l’issue de ces entretiens.
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