Les Forces vives pourraient récuser le médiateur Blaise Compaoré

Le président burkinabé savait que la partie serait difficile. Mais il n’imaginait certainement pas être si brutalement désavoué. Il lui faudra déployer tout son talent pour ne pas voir sa médiation échouer.

Publié le 21 novembre 2009 Lecture : 3 minutes.

C’était la stupeur vendredi dans les rangs des « Forces vives » de Guinée. Comment le médiateur le président Compaoré avait-il pu leur remettre une proposition de « protocole d’accord favorable à la junte »?. Pour l’opposition guinéenne, venue à Ouagadougou pour une seconde rencontre avec le chef de l’Etat burkinabé, le texte n’est pas une bonne base de discussion. De son côté, le conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD – junte) a trouvé les propositions globalement satisfaisantes.

Le principal reproche fait au texte par les Forces vives (réunissant parti politiques, syndicats et société civile) est qu’il prévoit que le chef de l’Etat, « président du conseil national de transition » soit issus des rangs du CNDD. mais la disposition a qui  le plus suscité de colère est celle qui laisse au président, comme aux autres membres des institutions de transition, la possibilité de se présenter à l’élection présidentielle à condition de démissionner de ses fonctions quatre mois avant le scrutin.   
Les législatives, selon le chronogramme auraient lieu en mai 2010 et la présidentielle en octobre 2010.

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    Tollé au sein des Forces vives, qui voient déjà un scénario où le capitaine Dadis Camara, chef de la junte, occupe le poste de président de la transition qu’il confie ensuite à un fidèle pour les quatre derniers mois… « C’est comme si le 28 septembre n’avait pas eu lieu », lance l’ancien Premier ministre François Fall, un des délégués des forces Vives. A cette date, des milliers de manifestants qui s’étaient réunis dans un stade de Conakry pour protester contre la candidature du président du CNDD, Dadis Camara, ont été sauvagement agressés par les forces de l’ordre. Au moins 150 personnes ont été tuées et plusieurs femmes violées. Pour les délégués, le médiateur a ignoré « purement et simplement les recommandations, les résolutions et communiqués finaux de la CEDEAO, du Groupe International de Contact sur la Guinée, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne ainsi que le conseil de sécurité des Nations Unies ». Ils ont indiqué qu’après consultation de la base, ils se réservaient le droit de se prononcer sur la position de Blaise Compaoré, en tant que médiateur. « Nous allons nous consulter pour éventuellement le récuser », indique l’un des membres de Forces vives. « mais on ne le fera pas ici, à Ouadagoudou. Nous y mettrons les formes », poursuit cette source.

    Le président burkinabé a dépêché vendredi soir son ministre des affaires étrangères, Alain Yoda, auprès des Forces vives, pour essayer de calmer un peu les esprits. Il est possible qu’une nouvelle rencontre avec le médiateur ait lieu pendant le week end.

Car du côté burkinabè, on reste persuadé que l’option proposée par Compaoré  est beaucoup plus équilibrée qu’il n’y parait.
D’abord parce que dans le texte, le Premier ministre, issus des rangs des Forces vives a des pouvoirs étendus, notamment en ce qui concerne sur l’organisation des élections, les nominations, et la gestion quotidienne des affaires etc…

Le gouvernement d’union nationale, composé de 10 membres issus du CNDD, 10 des Forces vives et 10 « d’horizon divers », essentiellement des  techniciens, sera choisi par le Premier ministre et proposé au Chef de l’Etat.

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Ce gouvernement sera entre autre, dit le document, du « désarmement des milices et unités irrégulières » et fera entrer les militaires dans les casernes…Des dispositions qui font admettre de facto aux signataires que des groupes paramilitaires existent effectivement en Guinée.

Le protocole présenté par le médiateur ne préjuge pas des résultats et des conséquences de l’enquête internationale qui est en cours sur le drame du 28 septembre.
« Il faut n’exclure personne », ne cesse de dire le président Compaoré. « Nous risquons une guerre civile, ce n’est dans l’intérêt de personne, il faut faire très attention. On marche sur des oeufs », commente l’un de ses proches..

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Lire aussi  "Compaoré, profession médiateur" dans Jeune Afrique, en Kiosque

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