Afrique du Sud/France : l’hymne de la discorde
La fédération Sud-Africaine de rugby s’est dite « choquée et horrifiée » par l’interprétation de son hymne par un chanteur de reggae, lors de sa rencontre avec le XV de France à Toulouse, vendredi dernier. Tout le monde reconnait que l’interprétation était ratée, mais personne ne veut en endosser la responsabilité.
La France a-t-elle cherché à humilier les Sud-Africains en engageant un mauvais chanteur pour interpréter son hymne ? Après la (contre-?) performance du chanteur de reggae Ras Dumisani lors du match France-Afrique du Sud, au stadium de Toulouse vendredi dernier, c’est ce que nombre de Sud-Africains ont pu penser.
Le chant fait sourire
De fait, le résultat semblait plus drôle qu’émouvant. Le chanteur, qui semblait marmonner et avait manifestement du mal à monter dans les aigües, a arraché quelques sourires à des supporters, tandis que la colère se lisait sur le visage de certains joueurs.
Il faut dire que cet hymne, écrit dans cinq langues différentes, n’est pas particulièrement facile à interpréter. Mais c’est aussi ce qui en fait un symbole auquel les Sud-Africains sont attachés : il reprend les paroles de chants célèbres des mouvements anti-apartheid.
« Une offense aux Sud-Africains »
Dès la fin du match, remporté par la France, l’entraineur des Springboks, Peter de Villiers a estimé que la France avait « manqué de respect » à l’hymne, en le faisant interpréter « par quelqu’un qui ne chantait pas bien ». Lundi, la fédération sud-africaine de rugby (SARU) est allé jusqu’à écrire à son homologue française pour protester contre une interprétation qui l’a « choquée et horrifiée ».
« Une offense a été faite non seulement aux Springboks et à la SARU mais aux Sud-Africains en général », a insisté son président, Oregan Hoskins, dans un communiqué. Côté français, on reconnait que le chant n’était pas « à la hauteur », mais on affirme que le choix venait de l’ambassade d’Afrique du Sud à Paris. « On n’est pas des spécialistes, on prend qui on nous a dit. Point », a affirmé le président de la Fédération française de rugby (FFR), Pierre Camou.
Après avoir rejeté toute responsabilité dans le choix du chanteur, l’ambassade d’Afrique du Sud a reconnu avoir communiqué son nom, le seul résidant en France en ajoutant que « cela ne constituait en rien une recommandation ».
Pour clore la polémique, le président de la FFR a fini par s’excuser pour l’incident. Des excuses "acceptées" par son homologue.
Seul à soutenir cette interprétation jusqu’au bout, Ras Dumisani a estimé pour sa part avoir « très bien chanté » cet hymne, la mauvaise impression venant de la sonorisation du stade…
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Ilham Aliyev, l’autocrate qui veut « dégager » la France d’Afrique
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- De Yaoundé à l’Extrême-Nord : voyage sur les routes de l’impossible
- En Guinée, Mamadi Doumbouya élevé au grade de général d’armée
- Au Kenya, l’entourage très soudé de William Ruto