Toute l’Algérie derrière son équipe dans l’attente du match d’appui contre l’Egypte
L’Egypte de Hassan Shehata et l’Algérie de Rabah Saâdane se rencontreront une nouvelle fois mercredi 18 novembre en match de barrage pour savoir qui des deux accèdera à la phase finale de la Coupe du Monde 2010 organisée en Afrique du Sud. Le choc entre les « Pharaons » et « Khadra » aura lieu à Khartoum.
L’Epopée des Fennecs
La guéguerre médiatique que se sont livrés Algériens et Egyptiens, avant le match dramatique du 14 novembre, est en train de tourner à la haine farouche depuis que le bus des joueurs algériens s’est fait attaquer à son arrivée au Caire.
La suite n’a rien arrangé : match confirmé par la Fifa, supporters algériens intimidés – voire tabassés – aux alentours du stade, équipe traumatisée… et défaite. « Khadra » – surnom donné à l’équipe algérienne – et ses supporters n’en avaient pas fini après la rencontre.Les joueurs ont subi à nouveau des jets de pierre. Depuis leur retour à Alger, les supporters témoignent de la violence qu’ils ont subi et de la passivité manifeste des forces de l’ordre égyptiennes. Les rumeurs les plus folles circulent. On évoque plusieurs morts, des disparus. Les rotatives chauffent (le quotidien arabophone Echourouk tire à 1,5 million d’exemplaires et son concurrent El-Khabar dépasse le million) ; les sites Internet dédiés à l’Algérie sont saturés. Des scènes d’humiliation buzzent sur YouTube et Dailymotion.
A Alger, la chasse à l’Egyptien commence pour des centaines de milliers de jeunes. Ils veulent tous marcher sur Khartoum, où doit se tenir le match appui, déterminant pour qualifier l’Algérie au Mondial de l’an prochain. Ce qui s’est passé au Caire n’est pas assimilé à un acte de hooliganisme, mais au viol de Khadra, coqueluche adorée de tout un peuple. L’Egypte, Misr en arabe, a gagné un nouveau sobriquet : Misraël. C’est dire le degré de haine…
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika est furieux contre son homologue égyptien, Hosni Moubarak, qui l’avait assuré qu’aucun mal ne sera fait aux joueurs ni à leurs supporters. Il donne des instructions : le billet Alger-Khartoum – qui vaut d’ordinaire 90 000 dinars (900 euros) – est ramené à 20 000 dinars (200 euros) grâce à une subvention de l’Etat. Il téléphone à son ami Omar Hassan el-Béchir, président du Soudan, et obtient de lui l’annulation provisoire du visa d’entrée pour ses compatriotes. L’ambassade algérienne dans la capitale soudanaise est chargée d’acquérir les 9000 billets réservés aux supporters algériens. Agences de voyage et aéroports du pays sont assaillis par des jeunes qui veulent protéger leur Khadra à Khartoum. Tout le monde s’y met. Les grands groupes industriels paient rubis sur ongle la compagnie nationale, Air Algérie, pour qu’elle mobilise la moitié de sa flotte d’Airbus A320. Peu importe si la période du pèlerinage à la Mecque vient de s’ouvrir… Entre le 15 et le 17 novembre, pas moins de 42 rotations ont acheminé les supporters jusqu’à Khartoum. Les cargos de l’Algerian Air force (AAF) ont même été mis à contribution. Un hôpital de campagne (une centaine de médecins et de personnel para-médical), des milliers de tentes et de couvertures, des rations alimentaires et des millions de litres d’eau potable, sont acheminés vers le Soudan.
Ceux qui sont restés au pays se déchaînent contre tout ce qui se rapporte à l’Egypte. Djezzy, premier opérateur de téléphonie mobile du pays (près de 15 millions d’abonnés), propriété du magnat égyptien Naguib Sawiris – ami de Hosni et de Gamal Moubarak – est ciblé. Son siège à Alger et des agences dans le reste du pays sont pris d’assaut, saccagés, pillés. En quelques heures, les dégâts sont évalués à plusieurs millions de dollars.
Les Egyptiens qui travaillent en Algérie sont terrorisés. Premier investisseur étranger hors hydrocarbures, l’Egypte a investi plus de 5 milliards de dollars dans plusieurs secteurs de l’économie algérienne (cimenteries, sidérurgie, services …etc.). On recense ainsi plus de 10 000 travailleurs égyptiens en Algérie. Leur protection est un véritable casse-tête, car ils résident aussi en rase campagne, dans les chantiers et dans les villes de l’Algérie profonde. Mais celle-ci est aussi enfiévrée que l’autre. Le peuple est fou de rage et les rares voix de la raison qui osent ramener l’histoire à sa vraie dimension (un match de foot) sont vite rabrouées.
En attendant que le deuxième épisode du match de tous les dangers débute réellement, les Algériens déjà présents à Khartoum se sont rendus à l’hôtel où réside l’équipe adverse. Pour l’empêcher de dormir, comme l’a été Khadra, au Caire…
Lire aussi "Khadra mon amour" sur Le Blog de la Rédaction
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