17, Kingsley Gardens : quand le passé surgit
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C’était il y a plus d’un siècle mais les Afrikaners en parlent encore, avec émotion, parfois avec rancoeur. La guerre Anglo-Boers (Boers signifie paysans en Afrikaans) a marqué la mémoire de tout un peuple. De 1899 à 2002, les deux colons se sont affrontés avec d’un côté l’armée de Sa majesté, de l’autre les commandos, organisations para-militaires des Boers, descendant de Néerlandais, de Français et d’Allemands, formant une armée non professionnelle mais pas moins efficace.
Si la guerre a été perdue, en tout cas du point de vue des Afrikaners, ce n’est que par la lâcheté des Anglais qui, faute de réduire les commandos, se sont attaqués aux femmes et aux enfants, enfermés dans des camps de concentrations.
Près de 28 000 personnes sont mortes dans ces camps, souvent de faim ou de maladie. Parmi ces victimes, l’arrière grand-mère de Richard Mason. Ce jeune écrivain sud-africain, qui vit désormais en Grande-Bretagne, est allé à Bloemfontein, au centre du pays, enquêter sur ce drame. Il en a tiré un roman, qui est bien plus qu’un roman historique.
La guerre des Boers est finalement dans son dernier livre 17, Kingsley Gardens, un prétexte pour étudier comment notre passé, parfois de façon totalement inconsciente, peut avoir un impact sur notre vie. Il en est ainsi pour l’héroïne, Joan Mac Allistair, 80 ans, que sa fille Eloïse, trader efficace, va mettre, non sans une grande culpabilité, dans une maison de retraite. Lors d’un dernier voyage à Bloemfontein, la vieille dame va retrouver des traces de son passé et la vérité sur la vie dans les camps. Une fois rentrée à Londres, entre réalité et démence, Joan recréée un univers, se rapprochera des ancêtres morts et se détachera des vivants.
Etrange livre d’un jeune écrivain qui raconte avec délicatesse et pudeur la vieillesse – dont pourtant il ne nous cache rien -, d’un homme qui sait si bien décrire les relations compliquées d’une mère et de sa fille, d’un littéraire qui se met avec beaucoup de réalisme dans la peau d’un trader, avec ses coups de bluff et ses poussées d’adrénaline…
Richard Mason vient de prouver, avec ce troisième roman, qu’il était un écrivain, un vrai. Il est aussi un philanthrope. La fondation, qui porte le nom de sa sœur Kay, décédée à l’âge de 24 ans, aide à financer les études d’enfants sud-africains.
17, Kingsley Gardens, Richard Mason, JC Lattès 400 pages, 22 euros
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