Angolagate : Pasqua, le torpilleur de Chirac

C’est un Charles Pasqua fidèle à sa réputation qui s’est présenté devant la presse, jeudi 12 novembre. Tonitruant, gouailleur, tour à tour charmeur puis menaçant, l’ancien premier flic de France, 82 ans, a savouré l’intérêt que les journalistes continuent de lui porter. Se frayant difficilement un chemin dans la forêt de caméras et de micros qui l’attendent, il donne d’emblée le ton : « Ce n’est pas qu’une affaire judiciaire, c’est une affaire d’Etat. »

Le président du groupe RPR au Sénat, Charles Pasqua, et le président du parti, Jacques Chirac, le 13 décembre 1983 au Sénat à Paris. © Philippe Bouchon/AFP

Le président du groupe RPR au Sénat, Charles Pasqua, et le président du parti, Jacques Chirac, le 13 décembre 1983 au Sénat à Paris. © Philippe Bouchon/AFP

Publié le 12 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Il avait promis des révélations mais c’est surtout à un règlement de comptes qu’il se livre. Condamné à un an de prison ferme pour trafic d’influence dans l’affaire de l’Angolagate, Charles Pasqua est décidé maintenant à se défendre à l’arme lourde. Avec, dans son viseur, deux cibles : Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Même s’il dit avoir conservé « le sens de l’Etat »,  il ne veut pas tomber seul dans cette affaire de ventes d’armes illicites à l’Angola. Judiciairement, il a été reconnu coupable d’avoir touché une commission d’1,5 millions de francs en 1996 en contrepartie de la décoration accordée à Arcady Gaydamak, un des organisateurs du trafic, à l’Ordre national du mérite.
« Est-ce que ceux qui me connaissent s’imaginent que je me prostituerai pour une décoration ? » s’indigne le sénateur des Hauts de Seine, 82 ans. Comme il l’a fait devant le tribunal correctionnel, il tente une nouvelle fois de convaincre que l’honneur rendu à Gaydamak était en relation avec son rôle dans la libération de deux pilotes de chasse français tombés aux mains des Serbes de Bosnie en 1995. « C’est grâce à Gaydamak que la Russie a œuvré à la réussite de cette opération » a martelé l’ancien ministre. Charles Pasqua affirme et il veut le prouver. « Le secret défense, moi je le lève » lance-t-il en brandissant un mémorandum sur la libération des deux militaires otages « remis en main propre » à Jacques Chirac en janvier 1996. Voilà comment l’ancien Tonton Flingueur de la place Beauvau compte exécuter, au moins médiatiquement, le délit de trafic d’influence dont il a été jugé coupable. Quant à l’affaire elle-même de l’Angolagate, Charles Pasqua assure que Jacques Chirac et Dominique de Villepin étaient parfaitement informés de cette vente d’armes et de ses conditions.

« La France est malade »

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« Ce que je regrette, c’est que le président de la République, Jacques Chirac n’ai jamais assumé ses responsabilités tout comme Dominique de Villepin ». Bref, tout ce qui peut-être reproché à l’ancien ministre de l’Intérieur, peut l’être au duo Chirac-Villepin. Mais, au-delà de l’Angolagate, Charles Pasqua, qui prétend pouvoir faire trembler la République avec ses révélations, se contente pour l’heure d’insinuations. « La France est malade » de ces affaires assure-t-il avant de plaider une levée totale du secret défense concernant les ventes d’armes à l’étranger depuis 2002.  Il prétend aussi que Villepin avait envisagé de « renverser deux chefs d’Etat africains » mais se refuse à nommer les présidents concernés. « Je ne suis pas le champion de la balance » explique-t-il le sourire en coin. S’il ne « balance » pas, il enfonce le clou : « le chef de la diplomatie parallèle, c’était Jacques Chirac ». Mais, avec de telles déclarations, il sait que l’ancien président, lui-même dans l’œil d’une tornade judiciaire, finira par sortir de sa réserve. Car l’actuel chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, soigneusement épargné par Pasqua, ne sonnera pas la fin de cette nouvelle guerre familiale de la droite française.

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