Massacres en Guinée : les militaires changent de tenue de camouflage

Pas facile de porter le treillis dans les rues de Conakry. La population fait ce qu’elle a en son pouvoir pour marginaliser les militaires depuis les massacres du 28 septembre.

Publié le 7 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

« Au lendemain des événements, des taximen ont commencé à refuser de prendre à bord des militaires », confie Abdelben Condé, du Collectif des journalistes pour une transition apaisée et réussie (CJTAR). Passées les premières heures de frayeur, après le massacre du 28 septembre, les habitants de Conakry ont tenté de punir, à leur manière, les soldats jugés coupables des tueries. Leurs armes : l’indifférence et la marginalisation. 

« Au marché, on double les prix pour eux » 

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Si Abdelben Condé estime que c’est de l’histoire ancienne, un responsable des forces de l’ordre dresse un autre constat. « Rien n’est facile pour les militaires aujourd’hui, indique-t-il. Ils paient ce qui s’est passé le 28 septembre. » Et la facture se paie aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. « Au marché, on double les prix pour eux », poursuit le responsable. Des commerçants iraient même jusqu’à refuser de leur vendre quoi que ce soit. Les prix des produits de consommation courante ayant flambé depuis le début de la crise, les familles de soldats commencent à s’inquiéter de la situation.

Les militaires ne sont pas les seuls visés. « J’ai rencontré ce matin (jeudi, ndlr) un membre de ma famille qui est gendarme. Il était en civil et son uniforme était dans son sac. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu qu’en uniforme, il n’arriverait jamais à avoir un taxi… », raconte Lama Bangoura, vice-président des Nouvelles forces démocratiques (NFD), un parti d’opposition. 

Sensibilisation des militaires 

Pour éviter de se montrer, les militaires, se déplacent de moins en moins en ville. Et s’ils doivent s’y rendre, ils enlèvent leur béret rouge ou se baladent en civil. Une attitude qui résulte en partie d’une consigne du camp Alpha-Yaya-Diallo, le siège de la junte au pouvoir depuis le 23 décembre. 

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Pour apaiser les tensions entre les soldats et la population, les chefs religieux et le Comité civilo-militaire sont à pied d’œuvre. « Nous faisons de la sensibilisation au niveau des garnisons de militaires pour les amener à bien comprendre leur rôle et le code de conduite à adopter avec la population civile », explique Abdelben Condé, l’un des membres du Comité. 

Les regrets des militaires 

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La tâche n’est pas simple. « Les militaires apprennent difficilement, surtout lorsqu’ils ont un faible niveau d’instruction, souligne Abdelben Condé. Lorsqu’on leur parle du droit international, ils répondent que, sur le terrain, ils suivent leur instinct. Cela dit, de manière générale, ils estiment que les actes commis le 28 septembre ne sont pas une bonne chose. »

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