Guinée : la junte croule sous les sanctions… et ce n’est pas fini

L’opposition guinéenne travaille à un alourdissement des sanctions que l’Union africaine a décrétées contre la junte au pouvoir. Certains envisagent même de frapper au cœur les militaires putschistes en proposant des mesures de rétorsion ciblant leurs proches basés à l’étranger…

Publié le 30 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

La junte guinéenne plus pestiférée que jamais. Les sanctions s’enchaînent contre les militaires ayant pris le pouvoir le 23 décembre, au lendemain de la disparition du président Lansana Conté. Le 17 octobre, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a suspendu la Guinée et décrété un embargo sur les armes pour empêcher les putschistes de commettre des exactions. La plus emblématique étant la répression violente de la manifestation du 28 septembre, qui a fait plusieurs dizaines de morts.

Condamnée de toutes parts

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Dix jours après l’organisation sous-régionale « fermement » soutenue par les Etats-Unis, l’Union européenne a également annoncé un embargo sur les armes. Elle a en outre pris des mesures de rétorsion contre les membres du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, au pouvoir) et « les individus associés, responsables de la répression violente ou de l’impasse politique dans le pays ». Plus spécifiquement, la France, qui avait déjà suspendu sa coopération militaire avec la Guinée, a décidé d’aller plus loin encore ce vendredi.

La veille, l’Union africaine – réunie à Abuja (Nigeria) pour une réunion sur les crises darfouri, guinéenne et nigérienne – a pour sa part imposé des sanctions « aux membres du gouvernement et à toute autre personne, civile ou militaire, dont les activités sont destinées à maintenir le statu quo inconstitutionnel en Guinée ». Des représailles qui interviennent parce que la junte n’a pas signifié par écrit qu’elle ne briguerait pas la présidentielle.

Sanctions inadaptées

En quoi consistent les mesures de l’Union africaine ? Il est question de bloquer la délivrance des visas, de restreindre la possibilité de voyage et de geler les avoirs des personnes visées, dont la liste en cours de finalisation devrait être disponible la semaine prochaine.

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Les partis, syndicats et organisations de la société civile réunies au sein des Forces vives auraient pu se réjouir. Mais non. « Quelqu’un comme Toumba, l’un des principaux accusés des événements du 28 septembre, n’a jamais voyagé, confie Lama Bangoura, vice-président des Nouvelles forces démocratiques. Alors la sanction n’a pas d’effet sur lui… Nous préparons une proposition pour l’Union africaine pour que les sanctions soient plus contraignantes. »

« Gel des avoirs du CNDD au Maroc »

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Plaidant pour le « gel des avoirs des membres du CNDD au Maroc », Lama Bangoura renchérit : « Nous voulons élargir les mesures aux proches installés à l’étranger ». « Moralement, ajoute Oury Bah, président de la commission des Forces vives, la famille n’est pas responsable des agissements d’un membre de la junte. Mais si ce membre voit que ses proches subissent des sanctions par sa faute, c’est un moyen de pression extrêmement puissant. »

Lorsqu’on lui demande s’il pense la mesure applicable, puisqu’elle demande de punir des innocents, Oury Bah se ravise. « Sur le coup, on pense à des solutions extrêmes… Mais on peut se contenter des sanctions de l’Union africaine. D’autant que, moralement, les auteurs des tueries sont épinglés sur la scène internationale. »

Les Forces vives auront tout le temps d’affiner leur position à partir de lundi à Ouagadougou (Burkina Faso), lors d’une réunion organisée par le médiateur et président burkinabè Blaise Compaoré.

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