Le verdict de l’Angolagate fait tomber les têtes

Un an après l’ouverture du procès dit de l’Angolagate, le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement. Plusieurs personnalités politiques françaises ont écopé de lourdes peines pour avoir facilité un commerce d’armes illégal entre la France et l’Angola.

Publié le 27 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Le tribunal correctionnel de Paris rend aujourd’hui son jugement dans l’affaire de l’Angolagate. Et le verdict est sans appel. Dans cette obscure affaire de vente d’armes entre la France et l’Angola de 1993 à 1998, les responsables sont jugés comme des quidams. Et pourtant, les prévenus sont, pour beaucoup, des personnalités.

Prison et amendes

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Pour avoir mis en place cette vente illicite, l’homme d’affaire français Pierre Falcone écope de 6 ans ferme et est arrêté pendant l’audience. Son complice, l’Israélien Arcadi Gaydamak, réfugié en Israël, est condamné à la même peine. Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur de l’époque, est condamné à trois ans de prison dont un an ferme. Le jugement va au-delà des réquisitions, qui étaient de trois ans avec sursis. Il lui est reproché d’avoir perçu des « pots-de-vin » en échange d’un lobbying en faveur des intérêts angolais. Il a par ailleurs remis à Arcadi Gaydamak l’ordre national du Mérite, et est donc reconnu coupable de « trafic d’influence ». Son conseiller de l’époque, Jean-Charles Marchiani, écope d’une peine de prison de 15 mois ferme, pour avoir lui aussi touché plusieurs milliers de dollars en commissions occultes.

Jean-Christophe Mitterrand, fils aîné du défunt président français François Mitterrand dont il fut le conseiller Afrique de 1986 à 1992 aurait touché 2,6 millions de dollars pour avoir servi d’intermédiaire, une somme correspondant selon lui à la rémunération de "conseils". Le tribunal le condamne à deux ans de prison avec sursis et à 375.000 euros d’amende pour recel d’abus de biens sociaux mais le relaxe de l’accusation de « complicité de trafic d’armes ». Son conseiller de l’époque, Jacques Attali -le seul que l’accusation ne souhaitait plus poursuivre- est relaxé. Les juges estiment que les sommes qu’il a perçues correspondent bien à un « travail effectif ». le magistrat Georges Fenech est également relaxé. L’écrivain Paul-Loup Sulitzer, est condamné quant à lui à 15 mois de prison avec sursis et à 100.000 euros d’amende. Il était soupçonné d’avoir usé de son influence et de son réseau dans les médias pour garantir l’image de Falcone et de Gaydamak en échange de 380.000 euros de pots-de-vin.

Tensions franco-angolaises

Au total dans ce procès, 42 prévenus ont été jugés entre octobre 2008 et mars 2009. Mais ce mardi, à Paris, aucun prévenu angolais, alors que l’enquête a déterminé que les deux pays auraient bénéficié de commissions occultes. Dès l’ouverture de l’instruction, la République angolaise avait demandé le retrait des pièces incriminantes, au nom du "respect du secret défense d’un pays étranger". Par ailleurs, une lettre envoyée en juillet 2008 par le ministre de la Défense, Hervé Morin, aux avocats de Pierre Falcone, avait été interprétée dans les milieux judiciaires comme une pression du gouvernement français pour faire dérailler le procès. Le ministre affirmait que ces ventes d’armes de guerre, provenant de l’ancien bloc communiste, n’avaient pas besoin d’autorisation de l’Etat puisqu’elles ne transitaient pas par la France.

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Les deux associés Pierre Falcone et Aracadi Gaydamak n’ont jamais nié avoir fourni du matériel militaire (des chars, des obus, des navires de guerre, des hélicoptères militaires), mais ont toujours démenti avoir fait parvenir des mines anti-personnel en Angola. De plus, ils maintiennent eux aussi que la France ne devait pas être informée puisque les armes transitaient par la Slovaquie.

A l’époque, l’Angola était en guerre civile et sous embargo de l’ONU. Le président José Eduardo Dos Santos avait fait appel à la France pour obtenir des armes. Elle avait refusé, mais officieusement, avait facilité les contacts avec Falcone et Gaydamak, qui avaient fourni pour plus de 790 millions de dollars d’armes.    (avec agences)

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