Presse : une liberté encore trop bafouée en Afrique

Le continent africain est bon dernier du classement annuel de l’association Reporters sans Frontières (RSF) sur l’état de la liberté de la presse dans le monde. Malgré quelques avancées notoires dans certains pays, l’association tire la sonnette d’alarme sur la situation de nombreux autres.

Publié le 26 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Pour la huitième année consécutive, Reporters sans frontières (RSF) a établi le classement mondial des pays en fonction des libertés accordées à la presse. Pour l’édition 2009, publiée le 20 octobre dernier, les pays africains tiennent le bas du tableau, la Corne de l’Afrique concentrant les plus mauvais élèves. Ces résultats sont à mettre en regard de la situation politique de ces Etats. « Les crises politiques et l’instabilité ont porté des coups très durs au travail des journalistes et des médias », affirme l’association.

L’Afrique en bas de liste

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Depuis trois ans, l’Erythrée rempile à la 175e et dernière place. Selon les constatations de RSF, aucun média n’y est indépendant et 30 journalistes y sont actuellement emprisonnés. C’est autant qu’en Chine, alors que la population érythréenne est de très loin inférieure. Par ailleurs, « en Afrique de l’Ouest, Mamadou Tandja et Yahya Jammeh, les chefs d’Etat nigérien et gambien, se sont disputé la plus mauvaise place. Celle-ci revient finalement au Niger (139e), qui perd neuf places », relève RSF.

Globalement, la plupart des pays africains qui ont connu une crise politique cette année ont vu leur note chuter et leur place dégringoler dans le classement général. Il en va ainsi de Madagascar, où l’affrontement politique entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina a fournit un prétexte pour faire pression sur les médias. Le pays perd 40 places, et se retrouve au 134e rang. Même situation au Gabon (129ème), où la mort du président Omar Bongo Ondimba et l’élection précipitée de son successeur ont donné lieu à un véritable « black-out médiatique », dénonce RSF. Et si la Guinée (100e) se maintient presque à la même place, c’est compter sans le carnage du 28 septembre dernier et les répressions de la junte qui s’en sont suivies à l’égard des journalistes. RSF se dit « préoccupé » pour la situation de la presse dans ce pays, dont la place devrait très certainement chuter l’an prochain.

La Somalie, « le pays le plus meurtrier du monde pour la presse » se classe au 164e rang, le Nigeria est 135ème, la République démocratique du Congo (RDC) 146ème, ou encore le Rwanda (157e rang) et la Guinée Equatoriale (158e rang). Ces pays sont particulièrement concernés par le contrôle de l’information, les arrestations arbitraires ou les pressions.

Le Ghana, pays le plus vertueux

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Pourtant, les efforts sont considérables dans certains pays tels que le Ghana, qui se classe cette année au premier rang des pays africains, à la 27e place – loin devant la France qui n’est que 43ème – ou encore le Mali (30ème), l’Afrique du Sud (33ème) et la Namibie (35ème). RSF souligne également les avancées en la matière du Zimbabwe, qui figure tout de même à la 136e place mais qui est en passe de s’améliorer. Le pays a notamment accepté le retour de CNN et de la BBC, toutes deux interdites l’an passé.

RSF, déplore enfin le recul des pays du Maghreb. Le Maroc (127e), perd cinq places : « interdictions, saisies de journaux et poursuites judiciaires contre les journalistes se sont multipliées cette année ». La Tunisie passe de la 143e place en 2008 à la 154e, et l’Algérie (141e) chute de vingt places. Au Moyen-Orient, l’Iran « aux portes du trio infernal » selon l’association, fait figure de véritable menace en matière de liberté de la presse, et RSF met en garde contre sa chute dans le classement (172e place contre 166e l’an passé).

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Le classement s’appuie sur des enquêtes de 40 questions envoyées par RSF à ses différentes antennes partout dans le monde. Les réponses ont permis de collecter des données sur 175 pays, entre septembre 2008 et septembre 2009. Parmi les critères retenus pour établir la notation : « les atteintes directes aux journalistes » (emprisonnement, torture, violences, assassinat,…) ou « contre les médias » (autocensure, censure, pressions, perquisitions,…). Le tableau final tient également compte de la volonté des Etats à favoriser la liberté de la presse.

-Consulter le rapport en ligne ici

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