Les appétits chinois sortent l’économie sud-africaine de la morosité
La crise financière internationale bénéficie à Pékin en Afrique du Sud. Les relations entre les deux pays se sont intensifiées durant le premier semestre de 2009. La Chine est désormais le premier client de la Nation arc-en-ciel. Une situation qui se confirme particulièrement dans le secteur minier.
Lorsque, fin 2008, les producteurs européens de fer ont commencé à réduire leur commande, la plupart des 4300 salariés de la mine de Sishen, qui exploite ce minerai dans la province sud-africaine du Northern Cape, se sont légitimement inquiétés pour leur emploi. Dix mois plus tard, cette anxiété n’est plus qu’un lointain souvenir.
Au cours de cette période, l’augmentation de 35% de la demande de l’insatiable industrie chinoise a permis de compenser le recul de 50% de celle de l’Europe, du Japon et de la Corée du Sud, victimes du choc de la récession. Les responsables de Kumba Iron Ore, filiale d’Anglo-American, propriétaire de la mine, envisagent à présent son développement.
Pour le syndicaliste Eddie Majadibodu, porte-parole des mineurs, cette nouvelle contraste singulièrement avec la situation d’un secteur, gagné depuis plusieurs mois par la morosité à l’image de l’industrie du platinium où des milliers d’emplois ont été détruits. « Nous avons été préoccupés, mais l’entreprise se porte bien à présent », explique-t-il.
Premier importateur de produits sud-africains
Kumba n’est pas la seule société à bénéficier du renforcement des relations entre l’Afrique du Sud et la Chine. Au cours du premier semestre de 2009, alors que les exportations sud-africaines vers l’Allemagne, le Royaume uni, le Japon et les Etats-Unis plongeaient, la Chine a également augmenté ses commandes de chrome et autres matières premières.
Dernier signe en date de l’intensification de ces échanges, Pékin est aujourd’hui la première destination pour les exportations sud-africaines. Il y encore un an, l’Empire du Milieu ne se situait qu’au cinquième rang. Ce nouveau statut de premier partenaire n’est d’ailleurs pas sans rapport avec l’intérêt croissant de la Chine pour l’Afrique. Des industries comme le textile ou les composants électroniques sont autant de débouchés pour la place sud-africaine. (…)
Forte présence
Selon les banquiers, les investisseurs chinois devraient prendre dans les prochains mois des participations dans des mines locales, particulièrement celles qui comme les juniors sous-capitalisées ont souffert de la chute brutale de leur commande l’an passé.
« Il y a de plus en plus de prospections. Nous recevons un à deux investisseurs potentiels par semaine », explique un banquier de Johannesburg. Plus généralement, les communications et les infrastructures de transport font de l’Afrique du Sud un pays attractif pour abriter les filiales des groupes chinois opérant dans la région. Un des plus importants groupes commercial a récemment ouvert une représentation dans la ville de Cape Town pour soutenir un projet de plusieurs millions de dollars en Angola.
Pour d’autres observateurs cependant, la relation entre les deux pays ne se développera pas aussi vite qu’on pourrait le croire. Certains banquiers pointent les problèmes logistiques et les difficultés des entreprises chinoises à se financer en dehors de leur pays.
En outre, la Chine s’est déjà heurtée à des résistances tant politiques que culturelles sur le continent. Et il y a de grandes chances pour que cela se reproduise. Il y a trois ans, l’ancien président Thabo Mbeki avait mis en garde contre le caractère "colonialiste" de cette relation tout en encourageant son gouvernement à imposer temporairement , en 2007 et 2008, des quotas sur les importations de textile chinois. « Ils ne sont pas toujours accueillis les bras ouverts », ironise un banquier.
A court terme, la position dominante de Pékin dans l’économie sud-africaine devrait s’affaiblir avec le redémarrage de l’économie européenne. Mais ces liens ne peuvebnt que se renforcer sur le long terme.
Financial Times et jeuneafrique.com
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