Evénements du 28 septembre en Guinée : les Forces Vives font pression

Les Forces Vives de Guinée se réunissent ce jeudi, à Conakry, pour décider d’une ligne de conduite après le meurtre par l’armée de plusieurs dizaines de manifestants hostiles à une candidature de Dadis Camara à la présidentielle de 2010. D’ores et déjà, plusieurs leaders de l’opposition refusent catégoriquement d’intégrer un gouvernement d’union nationale proposé par le chef de la junte, qu’ils tiennent responsable du carnage.

Publié le 1 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

« La lutte continue. » Les Forces Vives, coalition rassemblant les partis politiques, les syndicats et la société civile de Guinée, sont plus que jamais remontées après la charge meurtrière des Bérets rouges, lundi, au stade du 28-septembre de Conakry. Une charge qui a fait « 57 morts dont 4 par balles et 53 par bousculade » selon le bilan de la junte, mais 157 tués et plus de 1200 blessés selon les organisations locales de défense des droits humains.

La guerre est déclarée contre Dadis

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Quoi qu’il en soit, les Forces Vives fulminent à l’idée que des Guinéens soient morts parce qu’ils contestaient la probable candidature du chef de la junte à la présidentielle de 2010. Et convaincues que Moussa Dadis Camara est le commanditaire du carnage, elles ont décidé d’avoir sa tête. Une réunion organisée ce jeudi a justement pour but d’établir un plan d’action précis.

Le gouvernement d’union nationale proposé par le maître du camp Alpha-Yaya-Diallo , qui impute les morts de lundi aux Forces Vives, ne devrait même pas faire débat. « Nous allons discuter pour que la position des uns et des autres soit claire, confie Oury Bah, président du Comité d’organisation de la manifestation de lundi. Mais ceux qui voudront entrer au gouvernement seront exclus des Forces Vives. »

Rejet du gouvernement d’union nationale

Egalement premier vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) présidé par l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, Oury Bah explique que sa formation rejette l’offre de Dadis, de même que le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé.

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« Nous ne sommes même pas prêts à dialoguer avec Dadis, un véritable sanguinaire », s’emporte Mouctar Diallo, des Nouvelles forces de Guinée. L’ancien Premier ministre François Lonseny Fall, du Front uni pour la démocratie et le changement (FUDEC), assure quant à lui qu’il n’est pas question de « cautionner ce régime qui a révélé sa vraie nature ».

Lors de leur réunion, les Forces Vives vont aussi plaider pour une forte implication de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union africaine (UA), qui président le Groupe international de contact sur la Guinée.

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Juger Dadis Camara devant le TPI

Les leaders de l’opposition souhaitent en effet que les deux organisations panafricaines nomment une commission d’enquête internationale et déploient une force d’interposition en Guinée afin de protéger la population. Ils demandent également à ce que le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et son gouvernement soient « disqualifiés ». « A partir de là, conclut Oury, nous formerons un gouvernement d’union de transition dirigé par un civil. »

Les opposants entendent, en outre, poursuivre Dadis Camara devant le Tribunal pénal international (TPI). D’où l’importance de la commission d’enquête. « Les ONG travaillent déjà à la collecte d’informations et de preuves », indique Oury Bah. Sans doute pourront-elles compter sur le soutien de la communauté internationale – dont les Nations Unies, le Canada, les Etats-Unis et l’Europe – qui a vivement dénoncé les tueries.

Les ambassades des pays membres de l’Union européenne (UE) à Conakry seraient d’ailleurs à pied d’œuvre. « La France, l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, notamment, ont demandé à leurs chancelleries de collecter le maximum de preuves pour motiver les sanctions que l’Union européenne entend imposer à la Guinée », relève Oury Bah.

Le Sénégal et le Burkina à la manœuvre

Mercredi, un avion de la compagnie Air France devait évacuer Cellou Dalein Diallo et le secrétaire général de l’Union pour le progrès de la Guinée (UFDG), Jean-Marie Doré, sérieusement blessés lors de l’intervention des Bérets rouges. La junte avait empêché ce départ mais, jeudi, un avion présidentiel sénégalais a transféré sur Dakar Cellou Dalein Diallo et son épouse.

Dadis a-t-il suivi les conseils de ses aînés ? Diverses sources indiquent que les présidents burkinabè Blaise Compaoré et sénégalais Abdoulaye Wade, jugé ambigu sur le dossier guinéen, ont directement intercédé auprès du chef de la junte pour laisser les leaders politiques être pris en charge à l’étranger.

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