L’Afrique, laboratoire de la puissance montante du Brésil
Les relations entre le plus grand Etat latino-américain et l’Afrique se sont intensifiées ces vingt dernières années. Mais c’est au cours de la présidence de Luiz Inacio Lula da Silva qu’elles se sont véritablement accélérées.
Amérique Latine-Afrique : bientôt l’alliance
Si l’Afrique et l’Amérique latine sont intimement liés par l’histoire et la culture, le Brésil tient dans ces relations une place à part. Avec 76 millions d’afro-descendants, ce géant sud-américain compte la seconde plus importante communauté afro-américaines au monde après les Etats-Unis. Au-delà de cette donnée ces relations se concentrent de plus en plus sur les impératifs géostratégiques du Brésil, que le président Lula da Silva s’emploiera une nouvelle fois à mettre en avant lors du somment de Margarita, au Venezuela.
Quinze visites en sept ans
L’Afrique est au cœur de cette stratégie, ce qui explique un nombre élevé de visites officielles sur le continent. Depuis 2002, date de sa première élection, le président brésilien s’est déplacé plus de quinze fois dans des pays africains. Sa première tournée effectuée en 2004, quelques mois après son investiture, l’a emmené dans cinq Etats d’Afrique australe.
Ce lobbying diplomatique est guidé par la sensibilité de gauche de Lula da Silva mais aussi parce que le Brésil mise désormais sur le soutien de ses partenaires africains pour peser davantage sur le plan international. Depuis cette date, ces relations se sont renforcées par l’ouverture d’ambassades comme en Guinée Equatoriale ou au Burkina, et par une présence accrue des groupes économiques en tête desquels les majors pétrolière Petrobras et minière Companhia do Vale do Rio Doce. Le Brésil a également signé de nombreux accords de coopération allant de la santé (construction d’usines de fabrication de médicaments génériques comme en Namibie et au Mozambique) à l’éducation (Angola), en passant par l’agriculture ou la formation militaire.
Avocat de l’Afrique à l’OMC
Sur les questions agricoles, ce pays de plus de 190 millions d’habitants a été la tête de proue sur la défense du dossier Coton au sein de l’Organisation Mondiale du commerce (OMC) aux côtés du G4 (Burkina, Tchad, Bénin et Togo). Premier producteur mondial de biocarburants, il milite également pour la généralisation sur le continent africain de ce nouveau type d’énergie non polluantes. Enfin, le Brésil a joué un rôle de premier plan dans la création du Groupe des 21 englobant les pays en développement lors des pourparlers au sein de l’OMC. En 2006, le sommet de Brasilia avec l’Inde et l’Afrique du Sud a jeté les bases de la formation d’un nouveau « bloc » de puissances émergentes bien décidées à peser dans les instances internationales.
L’Afrique a en quelque sorte salué ce rapprochement. En juillet dernier, le chef de l’Etat brésilien s’est vu décerner, à Paris, le prix Houphouët-Boigny pour la paix en présence du sénégalais Abdoulaye Wade, du cap-verdien Pedro Pires, du Premier ministre portugais, José Socrates, du Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf ainsi que de l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié. Invité le même mois à Syrte, en Libye, pour assister au sommet de l’Union africaine, il a rappelé l’absence de passé colonial du Brésil et a invité l’Afrique à renforcer son partenariat « pour promouvoir une véritable révolution verte ».
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