BEAC : le gouverneur Andzembé reconnaît les détournements
Philibert Andzembé, le gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC) a admis que 15 milliards de FCFA ont été détournés au bureau parisien de la Banque entre 2000 et 2008, confirmant ainsi les informations publiées dans Jeune Afrique.
Le gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale (Beac) passe aux aveux. Philibert Andzembé a reconnu hier dans une longue interview parue dans le quotidien Cameroon Tribune (le siège de la Beac se trouve au Cameroun) que 15 milliards de F CFA se sont volatilisés entre 2000 et 2008 des caisses du Bureau extérieur de l’institution situé avenue Raymond-Poincaré, à Paris. Il a enfoncé le clou le même jour dans un communiqué sur le site de la Banque signé de sa main portant « sur les malversations financières ».
« Un écart de trésorerie de 15 milliards de F CFA environ constaté au 31 décembre 2007, entre les écritures inscrites dans les livres du Bureau extérieur de la Beac à Paris et le relevé bancaire fourni par la Société Générale de Paris où est logé le compte du Bureau extérieur, précise le communiqué. Cet écart de trésorerie trouve son origine au début des années 2000 et s’est progressivement creusé au fil des ans pour atteindre le niveau indiqué ci-dessus, à la fin 2007 ainsi qu’au premier semestre de l’année 2008. »
1 754 chèques présumés frauduleux
Le cabinet français Mazars, qui a signé un contrat le 14 janvier 2009 pour auditer le compte de la Beac à la Société Générale, a pu mettre en lumière « plusieurs irrégularités comptables graves, y compris des relevés bancaires falsifiés ». Les faux, apparemment une spécialité au sein du Bureau extérieur, qui dispose également d’un compte au sein de la BNP-Paribas.
« Près de 1 518 photocopies de chèques ont été fournies par la Société Générale et plus de 236 photocopies de chèques ont été reçus de la BNP-Paribas, poursuit le communiqué. Au total, 1 754 chèques sont suspectés d’émission frauduleuse au profit de personnes morales ou physiques (agents de la Beac et plusieurs sociétés inconnues) pour un préjudice portant actuellement sur 18,8 millions d’euros (soit environ 12,3 milliards de FCFA). »
Deux plaintes déposées contre X
Philibert Andzembé, qui se dédouane de toute responsabilité dans le scandale, annonce que les « dysfonctionnements » avaient fait l’objet « d’alertes dans les rapports internes en 2001, 2004 et 2007 ». Des têtes sont d’ailleurs déjà tombées. Le 22 janvier 2009, le comptable de l’établissement a été suspendu. Le 27 mai, l’adjoint au délégué et l’ancien délégué du gouverneur au Bureau de Paris ont aussi été remerciés.
Sur le plan judiciaire, deux plaintes contre X relevant du pénal et du civil ont en outre été déposées le 8 décembre 2008 et le 22 avril 2009 près du Tribunal de grande instance de Paris pour « vols, escroqueries, faux et usage de faux » pour le compte des banques Société Générale et BNP-Paribas. Ce n’est que le début. Les enquêtes en cours au Bureau extérieur doivent permettre d’identifier les responsables des malversations afin de les poursuivre en justice. Des responsables qu’il pourrait être difficile de retrouver, certains étant en cavale. (Avec agences)
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