Tentative de rapt du DG de Total-Guinée : la junte embarrassée

Des militaires ont-ils tenté, mercredi dernier, de kidnapper le responsable de la filiale guinéenne du groupe français Total ? Si rien ne permet de l’affirmer à l’heure actuelle, la junte en place à Conakry a vivement condamné les agissements de ces hommes armés. Et promis des sanctions.

Publié le 22 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Philippe Chauvin victime d’une tentative d’enlèvement ? C’est la rumeur qui court depuis mercredi dernier en Guinée. Ce jour-là dans la capitale Conakry, en fin de matinée, un groupe de militaires est arrivé à bord d’un pick-up de marque Toyota chez Total-Guinée et ont demandé à voir le directeur général de l’entreprise.

Rançon exigée

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« Quand la secrétaire a demandé pourquoi et de la part de qui, les hommes en armes ont répondu que le directeur était convoqué et se sont montrés menaçants avec les employés présents sur place, a expliqué une source proche de la filiale du groupe pétrolier. Leurs menaces ont attiré l’attention du personnel et de quelques passants qui se sont interposés. Ils ont alors pris la fuite ».

Plusieurs médias guinéens ont évoqué une tentative de kidnapping motivée par le versement éventuel d’une rançon. L’histoire se répèterait-elle ? En mars 2007, toujours dans la capitale guinéenne, des hommes armés avaient enlevé un autre responsable de Total Guinée, Benoît Gaborit. Ce dernier avait été libéré le lendemain, sain et sauf.

Au siège de Total, en France, on affirme sans plus de commentaire qu’« il n’y a pas eu de tentative d’enlèvement ». Une version qui colle avec celle de certaines sources avançant que les militaires ne cherchaient en définitive que de l’argent et de l’essence.

Agents en uniforme « véreux et cupides »

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Quoi qu’il en soit, cette affaire embarrasse le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) du capitaine Moussa Dadis Camara. La junte qui a pris le pouvoir le 23 décembre 2008, au lendemain de la disparition du président Lansana Conté, a même publié un communiqué virulent évoquant « certains agents véreux et cupides en uniforme ».

Les agents « qui se sont rendus à la direction générale de Total Guinée ce jour, 16 septembre 2009 sous couvert de convocations fallacieuses seront radiés et poursuivis », explique le texte qui rappelle par ailleurs aux forces de défense et de sécurité qu’il est « expressément interdit de procéder à toute convocation de citoyens et opérateurs économiques nationaux ou étrangers dans les garnisons militaires ».

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Le communiqué invite par ailleurs ces mêmes citoyens et opérateurs économiques à « ne répondre à aucune convocation qui n’émanerait pas des services réguliers de la police et de la gendarmerie nationale ». La recommandation n’est pas superflue : certains profitent de l’uniforme militaire pour se livrer à des exactions, comme en témoigne l’agression début août de l’ambassadeur du Ghana Dominic Boagyé. Des incidents fâcheux prouvant que « Dadis » – qui pourrait briguer la présidentielle de 2010 – peine à contrôler la situation.

Dans ce contexte, le Collectif des journalistes pour une transition apaisée et réussie (CJTAR) s’est empressé de conclure au caractère secondaire de la prochaine élection présidentielle par rapport à la sécurisation des biens et des personnes dans le pays : « La réforme des forces de défense et de sécurité demeure plus impérieuse que l’organisation des élections. Nous sommes convaincus que, sans une armée structurée, la démocratie n’a point de pérennité ».

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