Rachid Ramda souriant et détendu pour son procès en appel
Le procès en appel de Rachid Ramda, qui a débuté mercredi dernier, se poursuivait aujourd’hui devant la cour d’assises de Paris. Accusé d’avoir organisé et financé depuis Londres les attentats perpétrés en France en juillet 1995, cet Algérien nie les faits qui lui sont reprochés, et pour lesquels il a été reconnu coupable en première instance en 2007. Notre envoyée spéciale replonge dans l’ambiance de ces nouvelles audiences.
La cour d’assises de Paris est une salle qui impose immédiatement le respect. Dans un coin de la salle aux hauts plafonds, une cage de verre gardée par deux gendarmes est prête à accueillir l’accusé. Le portrait dépeint par les médias et l’émotion exprimée par les proches des victimes des attentats dans les jours qui ont précédé l’ouverture de ce procès laissent penser que Rachid Ramda, 39 ans, a tout du terroriste sanguinaire à la barbe hirsute et au regard perçant.
Considéré comme le « financier » des attentats de 1995
Pour ce troisième jour d’audience, c’est un homme souriant et détendu qui entre dans le box de verre. Il porte une courte barbe bien taillée et un costume sombre. Au milieu du brouhaha, il n’hésite pas à plaisanter avec son avocat, ignorant la dizaine de gendarmes postés à plusieurs points de la petite salle d’audience et les parties civiles qui lui font face. Les premiers rangs sont occupés par des proches des victimes, une quinzaine d’hommes et de femmes qui discutent eux aussi calmement gardant un visage impassible face à celui qui est considéré comme le « financier » des attentats qui ont touché leurs parents, enfants ou amis en 1995. Chaque partie semble délibérément s’ignorer.
Pendant la courte audience de 40 minutes, le président Francis Debons rappelle les minces avancées de ces derniers jours, à savoir l’évocation par la défense du non-respect présumé de la présomption d’innocence et le refus de l’annulation du procès, et l’annonce de la teneur des débats pour les jours à venir. Exigée par les avocats de la défense Maîtres Sébastien Bono et Anne-Guillaume Serre, l’audition de Jean-Louis Debré comme témoin est maintenue sur le planning. Mais l’ancien ministre de l’Intérieur en poste lors des attentats – aujourd’hui président du Conseil Constitutionnel – n’a pas confirmé sa venue. L’interrogatoire à proprement parler était prévu ce jour. Francis Debons réaffirme l’importance de la prise de parole de Rachid Ramda qui, pour l’instant, n’a développé aucun argument pour prouver son innocence. « La cour ne part pas avec des a priori. Ce procès sera votre procès », assure le président Debons. Pourtant, lorsque la parole lui est donnée, Ramda se borne à clamer à trois reprises son innocence et à affirmer que les preuves qui l’accusent sont illégales. Il conclut son intervention en assurant : « Je me défendrai jusqu’à la fin de ma vie ! ».
« On ne pourra pas supporter un procès de plus »
L’heure n’est donc ni aux conclusions hâtives, ni à la confrontation. Car ce n’est pas la première ni la seconde fois que l’accusé et les parties civiles se rencontrent, et cette audience donne comme une impression de déjà-vu puisque Rachid Ramda avait déjà été condamné en première instance, en octobre 2007, dans cette même salle. Une des victimes rappelle après l’audience qu’ils en sont à quatorze procès au total, concernant les trois attentats du RER de Saint-Michel, du métro de Maison-Blanche et du Musée d’Orsay. «Ce procès est le dernier d’une longue série. On ne pourra pas en supporter un de plus», explique le chef d’équipe de la RATP à Saint-Michel à l’époque. Cependant, le petit groupe qui se forme à la sortie du Palais de justice et qui se confond à première vue avec les quelques touristes espérant encore visiter le monument, est loin de s’avouer vaincu. «Tout est encore à vif et frais dans notre esprit et le restera ». Les victimes sont résolues et prêtes à attendre le temps qu’il faudra pour que Ramda soit jugé coupable. Les débats sont donc amenés à durer.
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