Israël : des madones kamikazes au parfum de scandale
Peut-on utiliser l’image de kamikazes à des fins artistiques ? C’est la question soulevée début septembre en Israël à l’occasion d’une grande exposition au club de presse Beit Sokolov de Tel-Aviv. Les peintres Galina Bleikh et Liliah Check devaient y exposer plusieurs toiles représentant, sous la forme de madones de Botticelli ou de Raphaël, des femmes rendues célèbres durant la Seconde Intifada.
Tout a commencé à l’occasion de l’ouverture début septembre d’une exposition à Tel-Aviv, au club de presse Beit Sokolov. Sept toiles des peintres israéliennes montrant les visages de femmes kamikazes rendues célèbres lors de la Seconde Intifada, ressemblant à des œuvres de Botticelli ou de Raphaël, ont été retirées avant même le vernissage en raison des protestations des familles de victimes, les partis politiques et les organisations représentant les victimes.
Protestation
Jusqu’où peu aller l’art et qu’est qu’une œuvre d’art ? Le geste provocateur consistant à appliquer l’iconographie religieuse au visage de ces femmes peut-il véhiculer le même message artistique que d’autres œuvres contemporaines à l’instar de celles d’un Marcel Duchamp ? C’est, en d’autres termes, la question qu’a posé Dalit Levy, la belle-mère de l’une des victimes, qui à l’extérieur, devant le hall de l’exposition, a peinturluré de rouge une photo de sa belle-fille en signe de protestation.
Face à la contestation, Galina Bleikh est revenue sur le sens de ses créations en assurant que ses intentions, comme celles de sa consoeur Liliah Check, n’étaient pas de glorifier les terroristes mais, au contraire, de susciter une réflexion en mettant à nu les ressorts psychiques et psychologiques présents chez ces femmes qui n’hésitent pas à se faire exploser. « Le message est que l’enfant dans les bras de cette femme est en danger. Ce n’est pas un problème propre à Israël mais à l’échelle mondiale, c’est pourquoi nous avons choisi la Sainte Vierge, un symbole chrétien », a expliqué l’artiste sur une chaîne de télévision israélienne.
Polémique
Cette polémique rappelle celle suscitée en Suède par Dror Feiler, en 2004. En exposant une petite barque contenant l’image d’une terroriste naviguant dans une piscine remplie d’eau rouge, il voulait susciter la réflexion du public sur la faiblesse et la solitude des terroristes. Une explication qui n’avait pas été comprise à l’époque.
Beit Sokolov, l’Association des Journalistes Israéliens, a finalement dû retirer les toiles à la demande des familles de victimes, des partis politiques tels que le Likoud ou Kadima, et des organisations représentant les victimes. Une seule œuvre a été laissée dans la galerie : du sable et des saletés récupérés sur les lieux d’un attentat, étalés dans des cadres. Une œuvre plus sobre et compréhensible du grand public.
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