Omar el Béchir honore l’ex-patron de la Minuad
Démissionnaire de son poste à la tête de la force conjointe Onu-UA au Darfour, Rodolphe Adada a été décoré hier de » l’Ordre des deux Nils » par le président el Béchir. Plus qu’une rupture dans la traditionnelle défiance de Khartoum envers les Nations unies, cette haute distinction salue les propos controversés du responsable Congolais quant à une baisse d’intensité du conflit dans la province de l’ouest.
Rodolphe Adada, 63 ans, ancien chef de la diplomatie du président Congolais Denis Sassou Nguesso a quitté, le 1er septembre, ses fonctions à la tête de la Minuad, force conjointe ONU-UA, de maintien de la paix au Darfour, poste qu’il occupe depuis novembre 2007. Son nœud papillon et sa gouaille obsédée par la syntaxe et le subjonctif manqueront certainement aux habitants et aux visiteurs étrangers d’el Fasher, principale ville de cette province tourmentée de l’ouest du Soudan.
Pourquoi en parler aujourd’hui ? Rodolphe Adada était hier, lundi 7 septembre, à Khartoum pour faire ses adieux au chef de l’Etat soudanais, le général Omar Hassan el Béchir, génocidaire pour les uns, chef d’Etat en exercice pour les autres. Lors de cette audience, le maître de Khartoum l’a décoré de la plus haute distinction de la République soudanaise : l’Ordre des deux Nil. Une démarche assez surprenante de la part d’el Béchir.
Accusé de tous les maux par le Conseil de sécurité des Nations unies, sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour génocide au Darfour, le chef de l’Etat soudanais n’est pas réputé pour sa docilité à l’égard des injonctions de la communauté internationale. Depuis le début du conflit, en 2003, il a longtemps refusé une présence étrangère avant de céder à l’Union africaine (UA) puis de consentir à l’envoi d’une force hybride, la Minuad, que dirigeait Adada jusqu’à sa démission.
Le diplomate congolais n’a pas été décoré en sa qualité de représentant de l’ONU. Il doit cette distinction à la formule qu’il a choisie pour décrire la situation devant le Conseil de sécurité : « le Darfour est aujourd’hui l’arène d’un conflit à basse intensité. » A cette déclaration, les représentants des membres permanents du Conseil ont manqué de suffoquer. Quant à ceux qui font du génocide au Darfour leur fonds de commerce, ils crient au révisionnisme.
Cette levée de boucliers a, sans doute, motivé la démission de Rodolphe Adada qui invoque officiellement de vagues raisons personnelles. Même si ses propos sont confirmés par le général nigérian Martin Luther Agwai, chef des opérations militaires de la Minuad : la guerre au Darfour est terminée. Une déclaration reprise par l’UA lors de son sommet extraordinaire, le 31 août dernier, à Tripoli, en Libye.
« L’Ordre des Deux Nil » ne fera pas désordre sur le CV de Rodolphe Adada même si cette distinction ne nourrira sans doute pas sa fierté. Mais tenir tête aux capitales occidentales et aux groupes de pression qui veulent convaincre que le génocide se poursuit au Darfour est sans doute plus glorifiant.
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