Petits conseils à l’usage d’un « fils de »

S’il est une coterie informelle que l’élection d’Ali Bongo Ondimba à la présidence de la République du Gabon a dû réjouir, c’est bien celle des héritiers, déjà installés ou en devenir, de leurs papas.

Publié le 7 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

De Dakar à Rabat, de Tripoli à Kinshasa, du Caire à Malabo, de Lomé à Libreville, dans le secret des cénacles familiaux ou en pleine lumière, l’époque est aux successions dynastiques – qu’elles soient ou non démocratiques. Ces « fils de… » (en attendant les « filles de… »), qui pour la plupart se connaissent, se fréquentent et s’entraident, forment un syndicat méconnu uni par une ambition commune certes, mais aussi par des expériences très particulières de la vie: enfance dorée, père absolu et distant, jeunesse turbulente, argent facile, goût du pouvoir pas toujours proportionnel à celui du travail et sens de l’État acquis, parfois sur le tard, auprès d’un géniteur suprême aussi exigeant que laxiste. Ceux d’entre eux qui y sont parvenus prodiguent-ils leurs conseils à ceux qui rêvent d’y accéder? C’est probable, mais nous n’en saurons rien. Alors, et puisque le phénomène tend à se répandre sur le continent, voici quelques modestes recommandations à suivre pour les nouveaux arrivants.

• Fais-toi un prénom: Ali, Faure, Karim, Joseph, Seif el-Islam, peu importe. Histoire de démontrer que tu existes en dehors de ton patronyme.

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• Forge-toi une vraie légitimité : que tu aies ou non été élu, sache qu’aux yeux de tes concitoyens ton accession au pouvoir procède avant tout de ta filiation et que tes compétences restent à démontrer. C’est donc par les actes et en imposant ton propre style que tu y parviendras.

• Aie le triomphe modeste: beaucoup de celles et de ceux qui t’ont porté au pouvoir l’ont fait par habitude, par réflexe, par crainte des troubles et du saut vers l’inconnu, beaucoup plus que par attachement à ta propre personne. Mais ne t’y trompe pas: même chez eux, l’aspiration au changement est profonde, tu devras y répondre et te faire aimer. Vite.

Honore ton père en tous lieux et n’accepte pas, par démagogie, qu’on vilipende sa mémoire. Tu seras, dans le fond, mal jugé. Mais ne cherche pas pour autant à l’imiter : son héritage comporte autant d’inconvénients que d’avantages et, de toutes les manières, tu n’auras jamais ni son charisme ni sa stature historique.

• Méfie-toi de tes proches, en particulier de ta famille et de ceux qui, dans ton entourage et celui de ton défunt père, pensent qu’ils t’ont « fabriqué ». Tu ne leur dois rien, ils sont souvent impopulaires et, s’ils t’ont poussé en avant, c’est pour une mauvaise raison : la peur de perdre leurs privilèges. Sache enfin que tu as réalisé le plus facile et que le plus dur commence: mériter ta victoire.

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