Victoire écrasante de Tandja au référendum contesté du 4 août

Avec 92,5% des suffrages exprimés pour le Oui, le référendum du 4 août permet au chef de l’Etat nigérien de s’éterniser au pouvoir.

cecile sow

Publié le 7 août 2009 Lecture : 2 minutes.

Nul n’en doutait plus depuis un bon moment. Mamadou Tandja ne pouvait sortir que vainqueur de la bataille, moins rude que prévue, qui l’a opposé à la classe politique, à l’Assemblée nationale, au Conseil constitutionnel et même à une frange de la population. A 71 ans, celui qui se révèle être un véritable loup de la politique a réussi au nez et à la barbe de tous (Union africaine et Union européenne comprises), à se scotcher à son fauteuil présidentiel pour une durée indéterminée.

Grâce au référendum du 4 août qui s’est soldé, selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), par une large victoire du Oui (92,50%), il continuera non seulement d’exercer son pouvoir au-delà du 22 décembre 2009, date à laquelle il était censé rendre son tablier, mais pourra aussi se présenter encore et encore aux futures élections présidentielles. La nouvelle Constitution approuvée via cette consultation permet par ailleurs de faire passer le Niger d’un régime semi-présidentiel contrôlé par l’Assemblée nationale à un régime présidentiel dans lequel Tandja concentrera tous les pouvoirs.

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68,26% des électeurs se sont rendus aux urnes, soutient la Ceni. Evidemment, ces chiffres sont contestés par l’opposition. « C’est ridicule, la participation n’a pas atteint 7% », estime Marou Amadou, un responsable du Front de défense de la démocratie (FDD), opposé au référendum, et dirigé par Mahamadou Issoufou, rival de longue date de Tandja (il l’avait contraint à un second tour lors des présidentielles de 1999 et de 2004).

«Coup d’Etat consommé»

Alors que le président de la République annonce des élections législatives pour octobre 2009, la position de l’opposition par rapport à ces consultations reste incertaine. Ira-t-elle voter ? La décision sera prise prochainement, répond le FDD qui n’entend pas rester les bras croisés face au « coup d’état consommé de Tandja ». « Nous continuerons à nous battre et à résister avec le peuple » avertit Issoufou.

Si Tandja savoure sa victoire prévisible (il a remercié les électeurs avant la publication des résultats), celle-ci n’est donc pas pour autant de bon augure pour son pays qui, après dix ans de stabilité politique et de performances économiques enviables (avec une croissance de 5,9% en 2008 malgré la crise mondiale), court le risque de connaître des jours difficiles.

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Il y a quelques semaines, l’armée a certes ignoré l’appel à la désobéissance lancée par le (FDD), mais rien ne garantit sa fidélité absolue au chef de l’Etat. Le danger peut aussi venir d’ailleurs. De nouveaux incidents entre pro et anti-tazartché (continuité) qui ont fait des blessés et causé des dégâts matériels sont encore possible.

Les prochaines semaines sans aucun doute seront déterminantes pour le Niger désormais privé d’institutions crédibles et doté d’un président conforté dans ses positions par un drôle de référendum. Tandja a remporté une bataille, mais la guerre est-elle terminée ?

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