L’Afrique, priorité des Etats-Unis

Plus de trois semaines après la visite de Barack Obama au Ghana, la secrétaire d’Etat est attendue en terre africaine pour sa plus longue tournée à l’étranger depuis sa prise de fonction.

Publié le 4 août 2009 Lecture : 3 minutes.

Hillary Clinton débute ce mardi une tournée qui la mènera jusqu’au 15 août, dans sept pays d’Afrique. Il s’agit du plus long déplacement de la secrétaire d’Etat depuis sa nomination au sein de l’Administration Obama. Cette durée de onze jours – au Kenya, en Afrique du Sud, en Angola, en République Démocratique du Congo (RDC), au Nigeria, au Liberia et, enfin, au Cap-Vert – accrédite la thèse de la priorité que les Etats-Unis accorde désormais à l’Afrique au moment où les intérêts de puissances comme la Chine, l’Inde et le Brésil s’intensifient.

Washington l’assure : les discussions porteront essentiellement sur les droits de l’homme et la bonne gouvernance. Difficile pourtant de ne pas voir la rivalité sino-américaine en toile de fond. La chef de la diplomatie américaine, qui sera accompagnée pour l’occasion du secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack, et du secrétaire adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson, entend renforcer le lien des Etats-Unis avec des pays riches en ressources, qui comme l’Angola, la RDC ou le Nigeria, passent de plus en plus pour être une chasse gardée de Pékin.

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La bonne gouvernance ne semble donc pas avoir totalement guidé le choix des pays visités. Hormis le Liberia, historiquement proche de Washington, les autres pays ont été peu ou prou délaissés par la diplomatie américaine ces dernières années au profit d’alliés plus traditionnels comme le Rwanda, le Ghana ou l’Ouganda.

Renouer avec Pretoria

Au Kenya, terre natale du père de Barack Obama, l’ex-Première Dame doit participer à la huitième réunion sur l’African Growth and Opportunity Act (Agoa). Entrée en vigueur en mai 2000, cette loi permet aux produits africains de bénéficier d’un accès privilégié au marché américain. 37 pays en bénéficient actuellement. Reconduit en jusqu’en 2015, cet accord a permis de stimuler le commerce entre les Etats-Unis et l’Afrique. En 2008, les échanges dans le cadre de cet accord ont augmenté de plus de 13 % pour atteindre plus de 80 milliards de dollars.

A Nairobi, Hillary Clinton rencontrera le président Mwai Kibaki et le Premier ministre Raila Odinga. Elle s’entretiendra également avec le président somalien Sheikh Sharif Ahmed sur le terrorisme et la piraterie qui affectent la sous-région. L’appui des Etats-Unis, notamment militaire, devrait s’accroître à cette occasion afin de lutter contre ce phénomène. En Afrique du Sud, la secrétaire d’Etat s’efforcera de resserrer les liens avec Pretoria quelques peu distendus sous l’ère Bush en raison de la gestion du dossier zimbabwéen.

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Inquiétudes à propos du Nigeria

Au Nigeria et en Angola, puissances économiques où les intérêts américains sont encore modestes, Hillary Clinton avancera des chiffres et des engagements. Seconde puissance pétrolière au sud du Sahara, Luanda est devenue plus stratégique depuis la volonté de Washington de diversifier ses approvisionnements en hydrocarbures. Les Etats-Unis importent 7% du pétrole angolais. Ils souhaiteraient accroître cette part.

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Le déplacement en République Démocratique du Congo (RDC) visera, comme à Luanda, à narguer la Chine. Les relations américano-congolaises ont perdu de leur intensité depuis la fin de la Guerre Froide et le début de la guerre civile dans l’ancien Zaïre. Plus grand pays de l’espace francophone, la RDC est aussi un formidable gisement de matières minières que convoitent les compagnies asiatiques. L’aspect humanitaire ne sera pas oublié. Après Kinshasa, Hillary Clinton se rendra à Goma (Est).

La situation incertaine du Nigeria (émeutes, insurrection du Mend, état de santé d’Umaru Yar’Adua…) a justifié un détour par Lagos, une étape qui n’était pas prévue initialement. Le Liberia est le pays-phare de la présence américaine sur le continent depuis 1847. Hillary Clinton y réitérera le soutien sans faille des Etats-Unis à la présidente Ellen Johnson Sirleaf, actuellement fragilisée par les débats de la Commission Vérité et Réconciliation chargée de faire la lumière sur les crimes perpétrés sous l’ère Taylor.

Après les fiascos de l’ère Clinton (intervention en Somalie, génocide rwandais…) et le relatif désintérêt de George Bush (deux tournées en huit ans), les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique devraient retrouver de leur vigueur lors de cette tournée. L’Afrique attend un signe fort de l’Amérique depuis l’élection de Barack Obama. Le déplacement de Hillary Clinton, qui sera en terrain connu, est, en soi, une première réponse.

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