Omar Ba ou l’imposture d’un « clandestin »

Accusé d’avoir menti sur son histoire – relatée dans son premier livre Soif d’Europe – Omar Ba, pseudo-immigré clandestin sénégalais, donne sa version des faits dans une lettre ouverte « à la presse et à tous ses détracteurs ». En forme de mea culpa.

Publié le 20 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

"J’ai emprunté une voie maladroite pour faire passer un message complexe. Dans mon premier livre, Soif d’Europe, mon témoignage ne repose pas uniquement sur des évènements que j’ai vécus personnellement mais aussi sur des drames vécus par d’autres, des anonymes dont la voix est trop souvent tue".

En substance, Omar Ba avoue avoir menti. Mais selon lui, le message à délivrer reste le même, et résonne d’autant mieux dans une version "dramatisée".

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"J’ai arrangé ma biographie parce que je pensais que cela aurait plus d’impact. J’ai eu tort et j’en fais les frais aujourd’hui", écrit-il encore.

La première, la communauté sénégalaise avait flairé l’arnaque, dénonçant ce témoignage trouble sur des sites internet à l’automne 2008. Au final, l’affabulation à laquelle s’est livrée l’écrivain aura déçu ses proches et risque de desservir la cause, ou du moins l’image, des sans-papiers… 

Incohérences

Les dessous de cette affaire ont définitivement été révélés par une enquête approfondie du journal Le Monde, qui avait décelé des incohérences dans le récit du parcours de clandestin d’Omar Ba. Selon le quotidien français, le jeune homme était en réalité étudiant en droit à Saint-Louis au Sénégal au moment de son épopée vers l’Europe qu’il situe, dans son autobiographie, en 2002.

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Il y décrit des endroits (Italie, Libye, Ceuta et Melilla) qu’il ne connaît apparemment pas, et parle de centres de rétention qui n’existaient pas au moment des faits. Le Monde fournit également le témoignage d’un ancien camarade de fac au Sénégal, visiblement déçu, qui dénonce :

"Il est libre d’écrire ce qu’il veut, de faire gober des histoires aux Toubabs (Blancs, ndlr), mais il n’a pas le droit de raconter des choses qu’il n’a pas vécues".

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En réalité, Omar Ba a pu entrer en France de façon régulière, en 2003, grâce à un visa d’études. Confondu, il a bien dû avouer la supercherie, après avoir tenté une nouvelle version des évènements, qui ne tenait pas non plus. Il a d’abord affirmé qu’il était parti de France en 2005, et que son retour, cette-fois, s’était bien déroulé de manière clandestine…

Finalement, il a admis qu’il n’avait connu ni novembre glacial dans les rues enneigées de Paris, ni centres de rétention à Lampedusa (Italie). 

Imposteur

Par ailleurs, Le Monde souligne qu’Omar Ba est un personnage bien connu des autorités françaises, et que plusieurs affaires – dont on ignore la gravité – le concernant sont en cours auprès des parquets de la région parisienne. Pour l’heure, il a refusé de réagir à ces accusations.

Dans sa lettre ouverte, il fustige ses détracteurs, affirmant : "Ai-je voulu diffuser un tel message pour devenir riche et célèbre ? Non ! Qu’importent les insanités que j’ai pu lire sur mes intentions et mon objectif. "

Et d’ajouter : "Aussi, je persiste et signe : la ruée de [la] jeunesse vers les pays du Nord est loin d’être le meilleur remède à nos maux (…). Elle est dans une prise de responsabilité de l’Afrique et des Africains".

Une théorie qu’il défend dans son second ouvrage, Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus, aux éditions Max Milo, qui bénéficie déjà d’un bon lancement publicitaire…

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