Aïssa Maïga: « On se défoule en jouant des scènes de meurtre »

Aïssa Maïga est Sara dans le téléfilm La ville mord -diffusé le 26 juillet à 22h50 sur France 2- qui raconte l’arrivée, pleine d’espoir, d’une jeune congolaise à Paris. Artiste peintre en herbe, Sara va aller de déconfitures en désillusions, enchaînant les passes pour toucher son rêve du doigt. Quand sa cousine Zina est tabassée à mort par leur mac, Sara voit rouge et décide de se venger. Sa tête est alors mise à prix, la course poursuite commence… Interview.

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Publié le 19 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique: Qu’est ce qui vous a attiré dans ce film ?

Aïssa Maïga: J’ai surtout été très impressionnée par la qualité de l’écriture du scénario. A la lecture déjà, j’ai aimé ce style très sec, très ciselé. C’est un film très cru, dans lequel il n’y a pas de pathos ou de paternalisme. C’est cela qui m’a attiré. Et puis, le personnage de Sara, que j’incarne, était porteur d’une très grande énergie et d’une foi très forte. Ce rôle a vraiment été un cadeau pour moi : il ne m’arrive pas si souvent de me voir proposer un rôle aussi fort.

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Est-ce qu’il a été difficile pour vous de tourner les nombreuses scènes de violences et de meurtres qui sont dans le film ?

Finalement, les scènes de meurtres étaient assez confortables parce que j’avais été préparée par un coach sportif. Et puis les conditions de tournage faisaient qu’il fallait aller très vite donc je n’avais pas vraiment le temps de me poser des questions. Vous savez, finalement, il est assez jubilatoire de tourner ce genre de scène, on se défoule. J’avoue que je ne me soupçonnais pas une telle capacité à incarner la violence.

Votre partenaire, Samir Guesmi, dit qu’il se sentait très éloigné de son personnage, qu’il ne le comprenait pas. En est-il de même pour vous avec le personnage de Sara ?

Non, pas vraiment. Même si je n’ai pas du tout eu le même parcours qu’elle, je me suis sentie extrêmement proche d’elle sur le plan humain. Je crois que pendant le film, le spectateur est vraiment avec elle. Elle est très attachante car même dans une situation désespérée, elle reste une femme debout et n’est pas une victime. Moi, j’ai eu une vie très protégée mais je me dis toujours qu’il aurait suffi d’une série d’accidents pour que ma vie soit totalement différente. Finalement, c’était une occasion de plus de me rendre compte de la chance que j’ai.

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Sara est passionnée par la peinture. Dans le film, on sent que vous prenez beaucoup de plaisir à jouer les scènes où elle peint…

C’est vrai, j’ai vraiment adoré faire ça. C’est très concret, très physique, on a à faire avec la matière. Nous avons travaillé avec une jeune peintre qui a préparé tout le carnet de Sara. Ca m’a permis aussi de mieux m’approprier le personnage, de lui donner naissance. Pour moi, ça a été une des clés du personnage.

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Le film traite aussi de thèmes d’actualité comme la situation des sans-papiers, l’esclavage moderne… Est-ce que cet aspect aussi a participé à vous convaincre ?

Pas vraiment. J’ai plus été touchée par la qualité artistique du film que par ce qu’il contient de politique. Je dois même avouer qu’en général, quand on me propose ce genre de rôle, une prostituée africaine sans-papiers qui vit dans la misère, j’y vais plutôt à reculons. Mais justement, la réalisatrice et le scénariste ont su éviter certains écueils : le film n’est pas stigmatisant et évite les clichés habituels dans ce genre d’histoire. C’est un film trash, cru mais pas désespéré.

N’avez vous pas craint, vous qui vivez en France depuis des années, de ne pas être totalement crédible dans ce rôle de jeune femme fraîchement débarquée de son Afrique natale ?

C’est vrai que j’y ai beaucoup pensé. Je me suis même demandé pourquoi on m’avait choisie moi et pas une personne plus proche de ce vécu. Mais bon, c’est moi qu’on a choisie donc je n’allais pas me poser des questions éternellement. Reste que j’aurais aimé être accompagnée par un coach comme cela se fait aux Etats-Unis, où l’on travaille beaucoup l’accent par exemple. C’est vrai que parfois ici on se sent un peu largué. Mais bon, c’est là aussi que tout le travail de l’acteur prend son sens.

La Ville mord est un téléfilm issu de la collection Suite Noire, basée sur les romans noirs des Editions Lebranche. Les huit téléfilms de la série sont diffusés le dimanche à 22h50 sur France 2 jusqu’au 30 août.

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