Les Non-alignés en quête d’un nouveau souffle

Initialement créé comme rempart à la bipolarisation du monde, le Mouvement des Non-alignés doit désormais redéfinir sa position. Son 15ème sommet, qui se déroule en Egypte, se veut l’occasion d’un renouveau.

Publié le 15 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

"Solidarité internationale pour la paix et le développement", c’est sur ce thème que plancheront deux jours durant les responsables des pays en voie de développement à Charm-el-Cheikh en Egypte, où s’est ouvert mercredi le 15ème sommet du Mouvement des Non-alignés (MNA).

Lancé en 1955, lors de la conférence de Bandung, le MNA visait initialement à promouvoir la solidarité entre les pays du Tiers-monde, aujourd’hui rebaptisés Pays en développement. Il s’agissait pour ces puissances de prendre leurs distances, en pleine Guerre froide, avec les deux blocs rivaux de l’Est et de l’Ouest.

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Aujourd’hui, alors que la bipolarisation du monde n’est plus, le MNA doit retrouver sa place dans le nouvel ordre mondial, afin de conserver sa légitimité. Pourtant, les pays Non-alignés -dont l’Egypte accueille la manifestation et dont le chef d’Etat, Hosni Moubarak, a été élu président du MNA en remplacement du cubain Raul Castro- risquent d’avoir bien des difficultés à imposer une direction franche au mouvement.

Le forum pourrait n’être dominé que par la rencontre indo-pakistanaise très attendue, les deux pays étant demeurés en froid depuis l’attentat de Bombay fin 2008, ce qui éclipserait le reste des discussions.

Raison d’être

Tout l’enjeu est de parvenir à une cohésion, au sein de ce vaste groupe qui rassemble 118 pays dont 53 africains, ainsi que 16 pays et neuf organisations au statut d’observateurs. Il réunit près des deux-tiers des membres de l’ONU, et représente 55% de la population mondiale. Une indéniable raison d’être.

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Lors de son intervention mercredi à la tribune, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi s’est d’ailleurs insurgé contre la non-représentativité du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les Non-alignés "sont majoritaires aux Nations unies. Le Conseil de sécurité ne nous représente pas. Il est monopolisé par quelques pays qui en sont les membres permanents", a-t-il dit. "Ceci constitue un danger pour la paix internationale."

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"Les enjeux du contexte international actuel exigent une participation plus active et une force de proposition qui vient des pays en développement qui, au lieu de subir parfois les évènements, devraient interagir, et le Mouvement des Non-alignés offre ce cadre", a pour sa part déclaré Nasser Bourita, membre du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération.

Appel à la solidarité

Dès l’ouverture du sommet, de nombreux dirigeants ont affirmé leur volonté de donner une nouvelle impulsion au MNA. Alors qu’était abordée la question de la crise économique mondiale, le président sortant de l’organisation, Raul Castro, a plaidé en faveur d’un nouvel ordre économique mondial.

" Nous devons restructurer le système financier international pour prendre en compte les besoins des pays en développement.", a-t-il estimé.

Lors d’une réunion préparatoire lundi, une centaine de ministres des Affaires étrangères ont tenté d’accorder leurs positions. Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit a appelé à la solidarité : "Sans solidarité, il n’y aura aucun développement ni stabilité à travers le monde".

"Il est de notre responsabilité de regarder vers l’avenir, de chercher des moyens de garantir de meilleurs lendemains à nos peuples et d’être conscients des difficultés et des défis croissants auxquels le monde contemporain fait face", a-t-il insisté.

Application réelle des décisions

Les pays membres du mouvement se définissent comme n’étant alignés ni avec, ni contre aucune des grandes puissances mondiales. C’est ici que le bât blesse, puisque la majeure partie d’entre eux a, au cours des dernières décennies, effectué un rapprochement avec l’une de ces puissances.

C’est le cas de l’Egypte avec les Etats-Unis, Washington demeurant son principal bailleur de fonds, avec près de deux milliards de dollars par an.

En dehors de la proximité de nombre de ses membres avec de grandes puissances, subsiste le problème de la réelle capacité d’action du MNA. Se bornant à des décisions qu’ils n’ont souvent pas les moyens de médiatiser et de faire ensuite appliquer, les dispositions des Non-alignés risquent de rester lettre morte.

Pour sortir de cet écueil, le MNA devra parier sur des avancées franches sur des dossiers épineux, tels que le nucléaire iranien, la crise israélo-palestinienne ou encore le réchauffement climatique.

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