Les moines de Tibéhirine auraient été victimes d’une méprise de l’armée algérienne

Un ancien général français affirme que les sept moines français de Tibéhirine (Algérie) tués en 1996 n’ont pas été exécutés par des islamistes, mais abattus par erreur par l’armée algérienne. Une bavure que Paris aurait couverte pour préserver ses relations avec Alger.    

Publié le 6 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

L’affaire des moines de Tibéhirine rebondit. Le général français à la retraite François Buchwalter a livré le 25 juin des informations explosives au juge d’instruction anti-terroriste Marc Trévidic concernant la mort de sept moines trappistes français à Tibéhirine (Algérie), en mai 1996.

Le groupe de religieux avait été enlevé dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans des circonstances encore troubles. Le Groupe islamique armé (GIA) avait revendiqué le kidnapping mais certains observateurs – s’appuyant notamment sur le témoignage d’ Abdelkader Tigha, un ancien cadre du Département du renseignement et de la sécurité – voulaient voir dans cette action une manipulation du pouvoir algérien. Word 11">

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François Buchwalter, qui était à l’époque des faits attaché militaire de l’ambassade de France à Alger, soutient que les moines n’ont pas été tués par des islamistes mais par l’armée algérienne, qui traquait les groupes rebelles entre Blida et Médéa.

Erreur d’appréciation

Les hélicoptères de l’armée algérienne auraient ouvert le feu sur  un bivouac d’un groupe armé. Les militaires se seraient rendu compte par la suite qu’ils avaient non seulement touché des membres du groupe armé mais aussi].des moines. Le général Buchwalter affirme tenir ces informations d’un ancien militaire algérien, dont le frère a participé à l’attaque.

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Ces confidences auraient été recueillies quelques jours après les obsèques  des moines. L’officier a rédigé plusieurs rapports à l’intention du chef d’état-major des armées et à l’ambassadeur. Rapports qui sont restés sans suite.

Paris et Alger soudés

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Pire, sa hiérarchie lui aurait demandé de ne pas ébruiter l’affaire dans le souci de préserver les relations entre Paris et Alger. Des relations que l’Algérie aurait protégées en maquillant l’incident.

Cité par le journal italien La Stampa avant même les déclarations de François Buchwalter, un haut fonctionnaire international en poste à Alger à l’époque a raconté comment les militaires avaient cherché à masquer leur implication dans le drame. Les corps, déchiquetés par les balles de gros calibre, risquaient d’éveiller les soupçons. les soldats auraient donc  décapité les cadavres, alimentant du même coup la thèse d’assassinats islamistes.

Pour une « levée du secret-défense »

Pour le père Armand Veilleux, un abbé trappiste qui se bat pour la vérité sur la mort des moines, les révélations publiées dans La Stampa ne sont guère surprenantes. Interrogé par le site d’information français Rue89, Armand Veilleux a déclaré : « Cela ne change rien à ce que j’ai écrit dans l’article du Monde en 2003. (…) Je rapportais alors que des témoins très fiables m’avaient assuré que les moines avaient été mitraillés. On m’avait dit aussi que c’était par les militaires ».

Fort du témoignage de François Buchwalter, Me Patrick Baudouin, avocat des parties civiles, a annoncé au quotidien français Le Figaro : « Nous allons demander à la France la levée du secret-défense sur les rapports de son attaché militaire et, à l’Algérie, la restitution des corps des moines. Ces propos démontrent que la raison d’État a prévalu dans ce dossier ».

(avec agences)

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