Le Hezbollah contraint Gad Elmaleh à annuler sa tournée au Liban

Le Hezbollah s’est farouchement opposé à la venue de Gad Elmaleh pour une tournée au Liban. Il a mené une véritable campagne de désinformation contre l’artiste, l’accusant de soutenir Israël auquel le mouvement chiite armé est officiellement hostile. Le comédien a annulé ses spectacles.

Publié le 30 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

L’humoriste Gad Elmaleh vient d’annuler sa tournée prévue au Liban du 13 au 15 juillet dans le cadre du festival de Beiteddine pour des raisons de « sécurité ».

Cette annulation a été motivée par une cabbale menée à son encontre par des sites et des médias libanais –dont la chaîne du Hezbollah, Al Manar– qui l’accusent depuis la semaine dernière d’être lié aux intérêts israéliens.

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Le média du Hezbollah l’a même présenté comme un ancien soldat de Tsahal, s’appuyant sur une photo d’un soldat israélien dont la ressemblance avec l’artiste est loin d’être flagrante.

En réalité, selon les investigations de France24, il s’agirait d’une photo publiée il y a 12 ans dans un calendrier de soutien à des œuvres sociales. Comme d’autres artistes, Gad Elmaleh avait à l’époque soutenu l’initiative et inscrit quelques lignes sous l’une des photos d’un militaire. 

Canular

Le comédien, d’origine marocaine et de confession juive, a aussitôt démenti les allégations mensongères, et le festival a lui aussi contredit ces informations. Pourtant, la série de spectacle a tout de même été supprimée des programmes.

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« Certains médias libanais ont diffusé hier [mercredi 24 juin, ndlr] de fausses informations selon lesquelles l’humoriste Gad Elmaleh serait un sympathisant de l’Etat d’Israël », affirme Gilbert Coullier, producteur des spectacles de l’artiste, dans un communiqué transmis au Comité du festival de Beiteddine.

« Gad Elmaleh n’a jamais fait partie de l’armée israélienne. Il est évident que ce n’est pas Gad Elmaleh qui figure sur cette photo, quiconque connaissant un minimum l’artiste pourra le constater sans peine », a souligné l’agent, qualifiant l’affaire de « canular de mauvais goût ».

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(cette photo a été publiée par le site d’une association de soutien aux soldats israéliens et a été détournée par Al-Manar qui  prétend qu’il s’agit de Gad Elmaleh)

Terrorisme intellectuel

Depuis la publication de ces fausses informations, largement reprises par les médias libanais, des appels à boycotter les spectacles de l’artiste ont été lancés et son agent a évoqué « différentes manifestations d’hostilité » à l’égard de la venue de Gad Elmaleh. Sur le forum d’Al Manar, des menaces ont été proférées dans les commentaires laissés par les sympathisants du groupe chiite.

L’affaire a pris une telle ampleur que des ministres libanais ont dénoncé la campagne d’intimidation menée par le Hezbollah.

« Nous refusons le boycottage de tout intellectuel, artiste, homme politique ou homme de religion quelles que soient son appartenance religieuse ou ses positions politiques », a dénoncé mardi le ministre de l’Information Tarek Mitri dans une conférence de presse aux côtés des ministres de la Culture et du Tourisme.

Le ministre estime que « cette affaire porte préjudice au Liban ».

Plusieurs journalistes ont soutenu l’artiste et ont déploré le « terrorisme intellectuel et culturel » dont il était l’objet.

Les 12.000 billets des représentations de Gad Elmaleh s’étaient arrachés et le festival avait même dû prévoir une date supplémentaire.

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