Le marché des fleurs se fane

L’industrie horticole, et particulièrement la culture florale, est devenue l’une des principales mannes économiques du pays. Mais elle doit faire face aux retombées négatives de la crise et aux bouleversements climatiques.

Publié le 28 mai 2009 Lecture : 3 minutes.

Le Kenya est surtout connu pour son potentiel touristique et sa culture du thé. Pourtant, un autre secteur alimente l’économie locale. Il s’agit de la culture intensive des fleurs, principalement implantée autour du lac Naivasha, au nord-ouest de Nairobi.

Les grands marchés de fleurs coupées occidentaux, dont la Hollande et la Grande-Bretagne, s’approvisionnent ici, où les coûts de main d’œuvre, d’acheminement et de production sont bien moindres. Sans parler des conditions climatiques exceptionnelles, qui ont fait la réputation de qualité des fleurs kenyanes. Ainsi, l’Union Européenne achète 40% des ses fleurs sur le marché kenyan.

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Pourtant depuis quelques mois, cette industrie traverse la période la plus sombre de son histoire. Selon le Kenyan Flower Council (KFC), la demande de fleurs a diminué de près de 20% en 2009, entraînant le licenciement de plus d’un millier d’employés. Pour l’Association des Producteurs exportateurs du Kenya (FPEAK), le constat est encore plus lourd puisqu’elle recense une chute de 35% des commandes par rapport à 2008.

En cause, la crise économique mondiale, qui affecte considérablement les producteurs du pays. Etroitement dépendants du marché européen auquel ils vendent 80% de leur récolte de fleurs, une centaine de producteurs envisagent d’ailleurs de mettre la clé sous la porte, faute de demande.

Réunion de crise

Rapportée à la demande en effet, l’offre est devenue trop abondante. La culture des fleurs, très intensive et pratiquée avec des méthodes ultra-modernes, a permis aux producteurs d’inonder le marché européen, sur lequel ils se sont heurtés à la concurrence asiatique et sud-américaine. Inévitablement, les prix ont chuté, portant le coup de grâce aux revenus du secteur.

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Le 17 avril dernier, une réunion de crise a rassemblé les décideurs du pays. Le gouvernement kenyan, des lobbies de producteurs, les entreprises exportatrices et des professionnels de la culture florale se sont retrouvés pour un véritable brainstorming, à la recherche de remèdes contre la catastrophe économique qui menace la région.

Des solutions d’urgence ont été définies. En premier lieu, la filière horticole doit parvenir à réduire davantage ses coûts de production et de transport, pour lesquels elle est pourtant déjà leader sur le marché. En effet, l’économie locale a beaucoup souffert des taux de changes fluctuants et volatiles, ainsi que de la chute de la livre sterling – la Grande Bretagne représentant un marché important.

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A plus long terme, les producteurs envisagent d’élargir leur offre. Il s’agit de récolter de nouvelles variétés, plus rares, et d’accroître la qualité des fleurs exportées. Ces solutions doivent pallier un changement dans les habitudes des consommateurs européens.

Selon la présidente de KFC, Jane Ngige, ils ont pris l’habitude, ces derniers mois, de ne plus acheter ou offrir de fleurs, considérant cette marchandise comme superflue en temps de crise, et privilégiant les dépenses de première nécessité. « Si les gens commencent à s’habituer à une vie sans fleurs, ils continueront en ce sens, même après la crise, déplore-t-elle.

Répercussions environnementales

Pour améliorer la compétitivité de la floriculture kenyane, les fermes d’exploitations risquent néanmoins de mettre la nature en danger.

Déjà, de nombreuses ONG, dont World Ressource Institute, s’inquiètent des quantités de pesticides et autres produits toxiques que nécessite une production à un tel rythme, et qui sont déversés chaque jour dans les eaux du lac Naivasha.

Le respect de la chaîne du froid, qui oblige les exploitants à maintenir les bouquets à des températures inférieures à 3° lors du stockage et du transport en avion se fait aux prix de dépenses énergétiques qui défient les lois de l’environnement.

Le Kenya Flower Council a instauré un code de bonne conduite en adéquation avec les normes environnementales, ce qui n’empêche pourtant pas un mauvais traitement des eaux résiduelles reversées dans le lac.

Les récents bouleversements climatiques, qui ont causé des fluctuations du niveau de l’eau du lac et la disparition d’espèces animales et végétales dans la zone des cultures, n’ont rien arrangé.

Néanmoins, les producteurs ont tout intérêt à garantir l’équilibre écologique, d’autant que le déséquilibre climatique a déjà fortement atteint les récoltes cette année, touchées par la sécheresse ou, à l’inverse, des pluies diluviennes qui tour à tour ont achevé d’affecter les récoltes.

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