La troisième vague de la crise va bientôt frapper l’Afrique selon DSK

Après la RDC, le directeur général du Fonds Monétaire International (FMI) poursuit sa mini-tournée africaine par une escale en Côte d’Ivoire, où il est arrivé lundi soir. L’occasion de rappeler le soutien de l’institution aux économies africaines durement ébranlées par la crise, et d’assainir les relations avec le continent.

Publié le 26 mai 2009 Lecture : 3 minutes.

En quittant Kinshasa, Dominique Strauss Kahn a indiqué que la RDC avait besoin, pour faire face à la crise, d’un allègement de sa dette combiné à la révision du contrat prévu avec la Chine en 2007, insistant sur le fait que la RDC figurait parmi les pays les plus touchés par la « Grande récession ».

Après 8,2% en 2008, la croissance congolaise pour 2009 « est estimée à 2,7%, bien en dessous des niveaux d’avant-crise », a-t-il précisé.

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Il a affirmé que le FMI ferait de son mieux pour rapidement trouver le compromis permettant de mettre en place l’allègement de la dette, estimé à 3 milliards de dollars, ainsi que le plan d’investissement chinois. Par ailleurs, le FMI a conditionné la mise en place d’un nouveau programme sur trois ans, basé sur la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC), à la révision de l’accord Pékin-Kinshasa.

Lors de son discours, il a d’autre part précisé le FMI devrait octroyer aux pays d’Afrique sub-saharienne environ 10 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux, sur les 250 milliards prévus par le G20 pour consolider les réserves de liquidités des pays touchés par la crise.

Remettre sur pied l’économie ivoirienne

A Abidjan, Dominique Strauss-Kahn devait rencontrer le chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo, et entériner ainsi le retour effectif du pays dans la communauté économico-financière globale.

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Le 15 mai dernier en effet, les pays membres du Club de Paris (créanciers publics internationaux qui tentent de trouver des solutions pour les pays peinant à régler leurs dettes) ont conclu un accord avec la Côte d’Ivoire. Il prévoit l’annulation de 845 millions de dollars de dette, à condition que le pays poursuive la mise en place de son programme de réformes en partenariat avec le FMI. Dans la foulée, la Banque Mondiale a elle aussi repris son partenariat avec Abidjan, en rééchelonnant sa dette.

« La Côte d’Ivoire est un grand pays africain avec beaucoup de potentialités. Evidemment, les conditions politiques passées ont créé quelques difficultés comme c’est toujours le cas. Maintenant, la normalisation est faite, les élections sont prévues. Je suis très content qu’avec le Président Gbagbo, on puisse remettre sur pied l’économie de la Côte d’Ivoire », a déclaré le directeur du FMI à son arrivée à Abidjan.

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Il existe un risque réel que des millions de personnes retombent dans la pauvreté

Le continent africain dans son ensemble représente en enjeu tout particulier pour le FMI.

Selon l’institution, l’Afrique sera, à retardement, la plus durement touchée par la crise. Parlant d’une « troisième vague », il mettait en garde, en mars dernier, les dirigeants africains sur ses dérives possibles : « la crise, qui frappe à présent les pays à faible revenu, ralentira la croissance économique, mettra à mal les budgets et fragilisera les comptes extérieurs. J’ajoute que la menace n’est pas seulement économique : il existe un risque réel que des millions de personnes retombent dans la pauvreté ».

Le FMI s’engage donc à augmenter ses financements et sons assistance technique.

Courant mai, le Ghana a d’ailleurs annoncé être en pourparlers avec le FMI pour obtenir une aide d’au moins un milliard de dollars. Quelques jours auparavant, la Zambie avait conclu un accord portant sur 256 millions de dollars.

Le FMI a également indiqué qu’il envisageait d’ajouter 6 milliards de dollars de ressources concessionnelles (crédits) à octroyer aux pays à faible revenus sur les deux ou trois années à venir.

Méfiance

Mais il faudra faire beaucoup pour restaurer la confiance dans des pays demeurés méfiants vis-à-vis du FMI depuis l’échec « programmes de rééchelonnement » de la dette dans les années 1980-90.

Certains pays reprochent en effet à l’institution internationale de s’être emparée du système économique africain, en imposant des conditions plus que drastiques, telles que les privatisations, à l’octroi d’emprunts. Selon les critiques, cette stratégie n’a en outre pas permis d’installer le climat économique favorable permettant de rembourser la dette des pays en difficulté.

Aujourd’hui, le 10ème directeur du FMI semble avoir pris conscience de ces impératifs de flexibilité. Dans une déclaration aux dirigeants africains le 19 mai dernier, il s’est engagé à assouplir les conditions d’aide aux pays en difficulté.

« Les financements du FMI doivent devenir plus modulables. Nous devons mieux adapter nos programmes de prêt aux besoins des pays membres », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous avons par ailleurs entrepris de modifier nos dispositifs de prêts concessionnels pour les rendre plus souples et plus utiles ».

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